Entretien avec Boydiel Houmeid, candidat INSAF à la mairie de N’Diago:

“Le scrutin proportionnel au niveau des municipales est une erreur qui sera lourde de conséquences”. Entretien….

Le Calame : Le parti INSAF vous a reconduit pour reconquérir la mairie de N’Diago. Quelle évaluation vous faites de la première semaine de campagne électorale ?

Boydiel Houmeid : Effectivement, le parti m’a reconduit pour un 3e mandat. Je rappelle au passage que j’ai été élu et réélu sous les couleurs du parti WIAM que je dirigeais a l’époque.

Sur le terrain, tout se passe bien, les populations sont déterminées à me réélire comme contre le parti au pouvoir. Lors des derniers scrutins, les militants et cadres de l’UPR arrivée en deuxième position sont tous aujourd’hui avec moi.

Je peux citer Mohamed Boilil, ancien président de l’Assemblée Nationale, une notabilité très influente de la zone, un ancien conseiller de l’UPR, il s’appelle Moustapha Diye, Abdi Ould Teffi et un ancien candidat de l’UPR; ils battent tous campagne et je ne vois pas de raison pouvant nous empêcher de passer, au 1er tour, avec un score pouvant osciller entre 95 et 90% des suffrages.

Ce sont mes prévisions, je suis habitué à ce genre de compétition. Je rappelle que depuis les premières élections rurales, en 1988, nous n’avons jamais été contraints à2e tour, je ne vois pas de raison à ce qu’on le fasse cette fois-ci.

-Quelle appréciation vous faites des déclarations du premier ministre lors de sa tournée dans certaines circonscriptions électorales. Ould Bilal a menacé tous les membres d’INSAF partis se présenter sous les couleurs d’autres partis de la majorité présidentielle. L’UPR en était-il arrivé là ?

-Je tiens à vous dire que la déclaration du premier ministre est venue tardivement. En effet, dans les grandes démocraties, le premier ministre est le chef de la majorité parlementaire et ici, apparemment, les gens ne font pas de différence entre la majorité présidentielle et la majorité parlementaire.

Le premier ministre est responsable devant le parlement, c’est à lui donc lui de descendre sur le terrain et dans certains pays, c’est lui-même qui dirige la campagne des législatives.

Le président de la République n’est pas responsable devant le Parlement, c’est vrai qu’il a besoin d’une majorité parlementaire pour la mise en œuvre de son programme. Il peut être amené à dissoudre l’Assemblée Nationale comme le lui permet la Constitution.

Or, celle-ci peut, comme dans toutes les démocraties, mettre le premier ministre en minorité. Aussi, il arrive qu’il soit remplacé entre les deux tours, s’il ne réussit pas sa mission, par quelqu’un susceptible de remporter l’élection et qui peut hériter la charge de premier ministre ; vous l’avez vu au Sénégal et en France, une démocratie de la 5e République, type que nous avons chez nous.

Dans ce dernier pays, vous avez dû remarquer que c’est le premier ministre qui reçoit les députés en groupe parlementaire ou seuls pour négocier. Donc, le premier ministre devrait intervenir dès le début du processus, c’est-à-dire depuis la préparation des listes, parce que c’est la règle de la démocratie ; malheureusement, ici, les mauritaniens n’y sont pas habitués. Il vient de prendre le train en marche, j’espèce qu’il rattrapera le temps perdu.

Pensez-vous, au vu du déroulement du processus électoral que les scrutins du 13 mai seront transparents et crédibles ?

-Vous savez, les élections ce n’est pas le jour du scrutin, on les prépare en amont et en aval. En amont, il y a eu un consensus entre les partis politiques et le ministère de l’intérieur et pour lequel j’ai des réserves, on pourra en discuter, à une autre occasion.

Le scrutin proportionnel au niveau des municipales est pour moi une erreur, on a vécu l’expérience par le passé. Un 2e tour est utile pour ne pas dire indispensable pour s’octroyer une majorité stable car un maire élu sans majorité risque fort de ne pouvoir exécuter son programme. Nous avons posé la question au premier dialogue.

En effet, nous avions proposé de permettre aux partis recalés au 1er tour de choisir entre les deux partis qualifiés pour le deuxième tour, de panacher les listes, afin d’éviter des insuffisances du scrutin majoritaire à deux tours et donc des blocages du conseil municipal, cela a été refusé, à l’époque.

Aujourd’hui, on a instauré un scrutin proportionnel intégral, c’est extrêmement grave parce que dans beaucoup de conseils municipaux, il n’y aura pas de majorité, c’est donc l’instabilité.

J’ose croire que le reste du processus se poursuivra dans de bonnes conditions jusqu’au jour J pour lequel il faudra régler la question de la sécurité des votes, du dépouillement tout en respectant le droit des électeurs.

Propos recueillis par Dalay Lam

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