Ghazouani : coup de génie ou coup de Jarmac ?
Jusque-là le pouvoir de Mohamed Ould Ghazouani faisait bonne mine dans la promotion des libertés d’expression notamment politiques et médiatiques.
Au point que plus d’un observateur lui attribuait des préjugés favorables pour l’assainissement de l’espace tant numérique que conventionnel. Le ton avait été donné avec une première rencontre relativement détendue avec les médias au palais présidentiel.
Cette volonté de redonner à la presse sa vocation de contre pouvoir s’est affirmée par la mise en place d’une commission chargée de diagnostiquer l’ensemble des problèmes qui entravent son développement et dont le rapport à été remis au Rais. Espérons que cela ne s’arrête pas là.
Fondametalement les relations entre la président et la classe politique n’ont pas encore connu des « bas » en termes de mauvaises humeurs faisant d’ailleurs planer le doute sur un éventuel « marché de gré à gré » politique entre l’homme fort et les vieux dinosaures de l’opposition ou encore avec les jeunes loups politiques.
Ce qui manifestement aurait vidé la scène politique de sa contenance et à terme, le contrepoids de l’opposition comme force dissuasive et critique de l’action gouvernementale. Dire que ce climat de calme plat est un bon signe de santé politique revient à ôter aux opposants leurs maillots de jeu et les rétrograder au rang de simples observateurs, voire de signataires de chèque en blanc laissant seul à un homme les mains libres ,exerçant son autorité sans encombre.
Ce coup de génie de Ghazouani ne fait que conforter le pouvoir d’un homme ayant obtenu une investiture sur un plateau d’or. Bien malin qui tente de sonder les secrets de cette baraka qui semble illuminer le destin astrale d’un homme que rien jusqu’à son arrivée ne prédisposait à gravir les marches du palais du moins par le chemin des urnes. Mais pas très étonnant dans un pays dont le destin se confond aux soubresauts d’une histoire qui ne finit pas de nous réserver toutes sortes de surprises.. Une histoire où la médiocrité de ses potentats est le l’héritage le mieux partagée.
Un homme peut avoir la force du pouvoir mais pas le pouvoir de la force.
Et ce n’est que dans l’exercice de leurs fonctions que se révèlent les bonnes ou les mauvaises qualités des dirigeants surtout leur propension à personnifier le pouvoir. Ils n’hésitent pas à l’occasion donnée d’afficher leurs agendas caché. Qu’en est -il de Ghazouani?
Si en deux ans de règne le successeur de Mohamed Ould Abdel Aziz a fait usage de la carotte pour dompter un paysage politique qui n’a jamais brillé que par les errements de sa classe politique et par l’infantilisme d’une démocratie militarisée, c’est par rapport à l’ agenda de celui qui attendait de peaufiner son plan opérationnel. Deux ans c’est le temps de passer à l’action sinon on tourne en rond. ou on s’arrête.
Les mauritaniens ont pris leur mal en patience. Ils commencent à se ronger les ongles se tournent et se retournent dans tous les sens. Ils sont sur le même centre de gravité où tous les locataires du palais gris les ont laissés. Tous les programmes sont passés sur les têtes. Rien n’a changé dans tous les changements. Hier Emel aujourd’hui Taa’zour et qui dira de quoi demain sera fait. Le même peuple qui a voté sans savoir pourquoi continue à serrer la ceinture sans pouvoir d’achat digne de ce nom pour vivre décemment.
La flambée des prix, la soif, la criminalité, la misère, le chômage, les discriminations font le lit de tous les ressentiments et angoisses qui se déversent dans l’océan trop-plein d’un pays malade de ses élites dirigeantes.
Au lieu de prendre le taureau par les cornes, on ne trouve pas mieux. que de réchauffer les lois pour marquer au fer tous ceux dans le désespoir de cause n’avaient comme catharsis que la liberté de verser des larmes d’amertume par l’exutoire de leur choix.
Après la carotte post-électorale, c’est le bâton qui plane sur les libertés