Droit de regard : Affaire Aziz, juste pour une mise au point
(Mohamed Chighali) – Une libanaise qui vient en Mauritanie est toujours la bienvenue quel qu’elle soit. Qu’elle vienne en touriste, qu’elle vienne pour un regroupement familial ou pour qu’elle vienne pour raison d’émigration économique, elle est toujours la bienvenue dans notre pays.
Les libanais sont arrivés en Mauritanie depuis les premières années de l’indépendance. C’est d’ailleurs bien grâce à eux que l’économie et le commerce de notre pays ont été propulsés de l’avant, simplement parce que ce sont les libanais qui avaient fourni l’essentiel dont nous avions besoin pour construire notre jeune capitale à l’époque en chantier.
Si par le passé, la quincaillerie a connu de très beaux jours, c’est bien grâce aux libanais. Très honnêtes, très discrets, ils se sont intégrés dignement dans la société mauritanienne. La regrettée femme du 5 ème président mauritanien (Maaouiya) était d’origine libanaise. L’un des plus brillants conseillers des présidents mauritaniens de tous les temps était aussi libanais.
J’ai appris comme beaucoup d’entre vous que Sandra Merhej, avocate libanaise a été commise par l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz pour renforcer le pôle de sa défense devant les tribunaux mauritaniens. Une libanaise quelle qu’elle soit donc est toujours la bienvenue dans notre pays, elle est surtout la bienvenue si elle peut aider un mauritanien quel qu’il soit, en conflit avec la loi, à défendre ses droits pour sortir des difficultés dans lesquelles il est empêtré
Sandra, Jolie libanaise mais sa première sortie fait des ratées
Dans l’affaire de Mohamed Ould Abdel Aziz et par rapport à l’évolution de celle-ci deux choses amènent à réagir.
La première chose est un rappel de tout ce que Mohamed Ould Abdel Aziz l’ancien président a réalisé tout au long de ses deux mandats. On retrouve la liste des réalisations accomplies par l’ancien président dans un élément diffusé sur la toile par un internaute soutien de l’ancien président.
La seconde chose est ce tweet de la jolie avocate libanaise Sandra qui porte à notre connaissance que l’ancien chef de l’état Ould Abdel Aziz aurait rejeté catégoriquement l’idée d’accepter un asile politique dans un pays prêt à l’accueillir.
Et, un élément important, Sandra a déclaré à Jeune Afrique cette feuille de choux qui vend ses pages aussi bien aux chefs d’état africains que les vendeuses de beignets du continent, que si « si son client Mohamed Ould Abdelaziz avait voulu fuir, il l’aurait déjà Fait ».
Par rapport aux déclarations de Sandra l’avocate de l’ancien président aujourd’hui sous mandat de dépôt pour délits multiples compliqués par des situations aggravantes, des éléments laissent perplexes.
L’Avocate libanaise, qui est toujours la bienvenue chez nous, a dit une première fois, que l’ancien président pour lequel elle aurait « obtenu » l’accord d’asile politique dans un pays d’accueil, refuse catégoriquement de penser à une telle éventualité et même d’en parler. Puis, quelques jours plus tard, dans les colonnes de Jeune Afrique (un journal qui avait sucé Ould Abdel Aziz à l’époque où il était vénéré et qui veut se sucrer avec Ould Ghazouani), Sandra avait dit deux jours avant d’annoncer sa venue dans notre pays que : « si son client, Mohamed Ould Abdelaziz avait voulu Fuir, il l’aurait déjà fait ».
Ces deux éléments me laissent perplexe. C’est pourquoi, je le dis sincèrement -et cela m’engage évidemment-, pour une femme, Sandra est une très jolie femme dont la beauté peut même influer sur son « statut » de conseil et peut être même influencer sur les réquisitoires futures de la partie civile. Mais pour une avocate, je n’ai jamais connu de plus nul que cette poupée angélique qui porte une robe d’avocate alors qu’elle aurait mieux fait de porter une robe griffée pour un défilé de mode à Beyrouth ou à Dubaï ce qui lui rapporterait aussi de l’argent, beaucoup d’argent mais dont l’origine ne serait pas douteuse.
Je le dis parce que quand Sandra dit, j’ai obtenu pour mon client un pays d’accueil pour un asile, Sandra oublie que « son » client n’est pas un camerounais anglophone du nord qui attend en Mauritanie d’obtenir un asile dans un pays étranger. Son client est un mauritanien en conflit avec la loi et il est poursuivi pour délits multiples aggravés par des crimes économiques connexes.
Ce qui signifie que même si Sandra a obtenu l’accord d’un pays tiers pour accueillir son client, ce dernier doit être avant tout libre de ses mouvements. Pour le moment ce n’est pas le cas. Il est sous régie pénitencière en attendant d’être jugé pour des faits qui lui sont reprochés qui mettent en branle la panoplie des articles 53, 54, 164, 165, 169, et 379 du Code pénal, les articles 6, 10, 13, 14,17 et 18 de la loi relative à la corruption, les articles 02, 36,37, l’article 38 de la loi qui régit le blanchiment d’argent et les alinéas 3 et 4 de l’article 688 du code du commerce.
Maintenant si Sandra a laissé « circuler » cette information pour placer sa sortie médiatique dans le contexte des déclarations faites par son client Ould Abdel Aziz (très accablé par des enquêtes) et son avocat Ould Ichidou (dont les plaidoiries sont périmées), pour déplacer le problème de son contexte judiciaire vers un contexte politique, ce n’est pas honnête.
Ce n’est pas honnête ni de la part du prévenu, ni de la part de son avocat Ould Ichidou exténué par la tenue de propos de plus en plus incohérents au vu de la loi, et ce n’est pas honnête de la part de cette jeune avocate libanaise qui se jette dans une mare à caïmans aveuglée par des honoraires qui seront payés grâce à l’agent des contribuables comme les vendeuses de couscous de Néma, les laveuses de linge de Maghama ou les mendiantes du feu rouge de la Mauriposte.
L’affaire d’Ould Abel Aziz n’est pas politique. Ce débat est dépassé maintenant. Même si, comme le dit Ould Abdel Aziz, tout ce qui lui arrive est la conséquence de cette bataille sur la référence de l’UPR, son affaire est bien pénale et pas politique. Donc ce qu’il laisse entendre n’est pas vrai.
Corruption, enrichissement illicite, abus d’autorité, blanchiment d’argent, des faits pas des mots
Depuis le déclenchement de cette affaire de la Décennie, ce sont des preuves matérielles, des témoignages oculaires, et des contributions judiciaires rogatoires de pays étrangers qui mettent Ould Abdel Aziz face aux crimes et délits qu’il a commis qui n’ont rien à avoir avec la politique.
Ould Abdel Aziz le sait bien, Ould Ichidou aussi, et même Sandra dont le pays est aussi un paradis fiscal le sait aussi, comme le sait d’ailleurs le « petit chacal du nord de Oualata », cette affaire est bien « intrajudicaire ».
Maintenant quand Sandra dit que : « Si son client Mohamed Ould Abdelaziz avait voulu fuir, il l’aurait déjà fait », j’ai bien peur de constater que Sandra et les mauritaniens n’émettent pas sur la même fréquence. Tout le monde ici en Mauritanie, (Ghazouani lui-même, les juges du Pôle des enquêtes, les journalistes, les avocats de la Partie Civile) savent qu’Ould Abdel Aziz ne cherche pas à fuir le pays. Ce qu’Ould Abdel Aziz cherche, qu’il a toujours cherché et qu’il recherchera toujours, c’est de faire fuir ses capitaux énormes vers l’étranger.
Quand l’UPR fait danser les présidents aux rythmes de ses mélodies
Et si cela peut aider Sandra, je porte à sa connaissance que Ould Abdel Aziz, n’était pas revenu au pays pour revendiquer « ses droits » sur la formation politique de l’UPR. Ce n’est pas vrai aussi. L’UPR est une formation politique « anonyme » qui évolue dans le temps et dans l’espace dans l’intérêt de ses adhérents qui constituent les frères et sœurs politiques d’une même famille très soudée qui vend « ses prestations de services » pour les intérêts d’une Mouvance dont les racines sont implantées dans le socle du PPM.
Comme toutes les formations politiques du monde, cette formation fait de la spéculation et se vend aux enchères au plus « offrant ». Et dans un pays comme le nôtre, le plus offrant est toujours celui qui est au pouvoir. Pas celui qui l’était et pas celui qui cherche encore à l’être à moins que celui-ci soit soutenu par la Mouvance.
Ce que Sandra doit comprendre c’est que quand Ould Abdel Aziz était revenu au pays, ce n‘ était pas, -comme il aime à le marteler pour faire de la politique. Dans les pays du Tiers-Monde ce ne sont pas les hommes qui font la politique. C’est la politique qui fait les hommes. Tout le monde dans notre pays sait que la politique est le dernier des soucis de Ould Abdel Aziz.
Ould Abdel Aziz ne sait faire que du Business. Que ce Business soit politique ou que ce Business soit économique ou financier. C’est un accroc dépendant de cette activité qu’il a menée pendant onze ans dans un désordre fou et inextricable sans se soucier le moins du monde des conséquences de ses agissements.
Après l’investiture d’Ould Ghazouani à la tête du pays quand Ould Abdel Aziz était parti pour la Turquie, c’était pour sécuriser les 353 malles (estimation de la main d’œuvre de l’aéroport Oumtounsi) bourrée de tout pour lesquelles il avait affrété un vol spécial.
Personne ne connait la nature du contenu de ces malles, ni la valeur de ce qu’elles contiennent. Parce que l’ancien président s’était arrangé de sorte que « ses » bagages ne passent pas à la lecture du scanner et qu’elles ne fassent pas l’objet de fouille des douaniers. Et c’était pour beaucoup là, l’erreur qu’il ne fallait pas commettre.
Quand selon certains Aziz avait bien sécurisé le plus important à sécuriser en Turkie, il était revenu, pensant qu’il pouvait semer la diversion au sein de l’UPR, la seule structure politique qui a une généalogie héréditaire bâtie sur l’intérêt d’une classe aristocratique et féodale dominante.
Mais dans la réalité, Ould Abdel Aziz était revenu au pays surtout pour faire l’inventaire des caches de ses fortunes colossales éparpillées entre des receleurs bas de gamme, des prête-noms ou dissimulées dans des comptes off-shore locaux ouverts aux noms de tierces personnes qui travaillent pour lui comme intermédiaires agréés à la tête de sociétés ou d’entreprises dont il est dans la réalité, la personne physique qui se cache derrière la personne morale.
Mais malheureusement pour lui, les choses ont mal tourné et de sa faute. Au lieu de profiter de sa sortie « clandestine » de la Mauritanie et de rester à l’étranger, vivre loin des instances judiciaires de son pays, il était revenu jouer au Rambo dans les rues de Tevragh-Zeina. La suite vous la connaissez.
La libanaise de « renfort » doit comprendre donc que les mauritaniens ne craignent pas que l’ancien président Ould Abdel Aziz fuit à l’étranger, mais ils craignent surtout que de nouveaux capitaux de l’ancien président démesurément riche ne fuient à l’étranger. C’est différent.
Avant de sortir du pays, l’ancien président a besoin de jouir de la liberté de ses mouvements.
Maintenant quant à son éventuel exil à l’étranger, peut-être qu’Ould Abdel Aziz est sincère en disant que loin de lui l’idée d’accepter l’accueil par un pays tiers. En Mauritanie, ce qui est certain c’est que rien ni personne ne s’opposera –je crois- à cet exil qui serait d’ailleurs pour certains « un bon débarras et sans regret ».
Mais je pense personnellement que la jolie Sandra, avant de taper aux portes pour chercher un pays d’accueil à son client, devait attendre au moins de savoir après combien d’années de prison Ould Abdel Aziz serait libre pour prétendre à l’exil ou à l’immigration clandestine en Europe ou ailleurs.
J’espère que la jolie Sandra, n’oublie pas que l’ancien président serait, (d’après une compilation minutieuse de ce qui n’a pas été extirpé dans les malles), à la tête d’une fortune estimée à 90 millions de dollars acquise illégalement ce qui a fait prendre aux juges la décision de le renvoyer le 1er juin devant le tribunal, avec dix de ses co-accusés, des coaccusés qu’il pourrait avoir du mal à regarder en face une fois qu’il sera à la barre.
Si, en sa qualité d’avocate mandatée, Sandra, au nom de l’ancien président de la République de Mauritanie, Mohamed Ould Abdel Aziz, a comme elle dit obtenu la promesse qu’un asile politique lui serait accordé dans un pays étranger c’est bien. Mais cette information suscite une curiosité. Un pays quel qu’il soit n’accorde un asile politique que pour une personne persécutée dans son pays. Ould Abdel Aziz est peut être persécuté dans son pays. Mais il est plutôt persécuté par toutes les questions auxquelles il doit donner des réponses pour expliquer comment il est arrivé à amasser une fortune aussi colossale en dix ans de pouvoir dictatorial.
Si donc Sandra est allée faire du porte à porte pour obtenir l’assurance que son client serait accueilli à bras ouverts, on peut se poser la question de savoir qui a mandaté l’avocate libanaise de le faire ? Ould Abdel Aziz son client, celui qui a refusé de discuter de la question affirmant « qu’il ne souhaitait pas évoquer l’idée de quitter la Mauritanie, ni de près ni de loin, ni dans le présent ni dans l’avenir » ? Ou bien c’est le gouvernement mauritanien qui joue du « dessous de la table » pour se débarrasser définitivement d’un homme qui, si il parlait, la terre va trembler comme l’avait dit quelqu’un qui a je crois retourné sa veste depuis ?
Je ne connais pas Sandra, mais à la place de la jeune libanaise, je profiterais de mon séjour en Mauritanie pour prospecter le marché pour investir dans ce pays avec l’argent de l’accusé qui n’a pas encore été découvert dans d’autres caches qui peuvent être libanaises. Pourquoi pas.
Mohamed Chighali
Journaliste indépendant