L’Editorial du Calame : Une symphonie nationale enfin nôtre ?
Le Calame – Que nous annoncent les récentes réactions populaires à l’augmentation brutale des prix à la pompe et, surtout, du doublement du coût des trajets en taxi ?
Certains s’acharnent à ne vouloir y voir que des manipulations politiques à l’approche des élections. Mais le ras-le-bol est réel et la fameuse goutte d’eau que j’évoquais la semaine dernière paraît bel et bien d’actualité.
Et cette éventualité se renforce avec l’étonnante décision de ramener le prix du pain à 100 MRO, au lendemain même de celle l’augmentant de 20 MRO : La peur est là, on frôle à l’évidence le bord du gouffre.
Le péril s’augmente des débats autour de la réforme de l’Éducation. Les résultats du bac ont clairement démontré que la langue française est en passe d’être bannie de l’enseignement, à tout le moins réduite à la portion congrue.
Les élèves de la Vallée en font les frais. Une situation qui amplifie les déséquilibres dans la représentation des différentes ethnies du pays dans l’élite nationale.
Même en admettant que le pouvoir ait réellement la volonté d’assurer désormais le développement de toutes nos langues nationales– cela reste à prouver – dans combien d’années cela se traduira-t-il par une augmentation substantielle du nombre de bacheliers négro-mauritaniens ?
Quelles mesures entre temps auront-elles su apaiser les vieilles tensions exacerbées par une conjoncture mondiale si pénible au budget des communautés défavorisées, ethniques et statutaires ? Parier sur une embellie internationale ne doit pas être une option.
C’est à nous-mêmes d’entreprendre enfin la guérison de nos plaies bêtement entretenues, voire stupidement portées, depuis l’accession des militaires au pouvoir.
La survie de notre démocratie, de notre nation même, est en jeu. L’heure est réellement d’importance cruciale. Unissons-nous à composer enfin notre symphonie nationale !
Ahmed Ould Cheikh