Qu’adviendra-il après l’accusation de la France de soutenir le terrorisme ?

Essahraa – La situation dans la région du Sahel évolue de façon spectaculaire à plus d’un niveau, de sorte à traduire l’ampleur et la multitude des mutations existantes dans la région, devenue une arène de conflit international et régional ouvert.

Le changement le plus récent et le plus expressif de la situation au Sahel vient d’être explicité par les déclarations du ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop, puis dans une lettre officielle adressée par Bamako au Conseil de sécurité.

Un message dans lequel, le Mali accuse clairement Paris de soutenir des groupes armés avec des munitions et des informations de renseignement, demandant la convocation urgente d’une réunion de cet organisme onusien, pour discuter de ce qu’il appelle, l’implication d’un de ses membres permanents (la France) dans le soutien au terrorisme.

Dans le Zoom de cette semaine, nous tenterons de rassembler les composantes de la photo qui a fait passer Paris de sa réputation de pays protégeant contre le djihadisme en un Etat accusé de complicité avec le terrorisme et le lien de cette image avec l’acuité de l’affrontement sur le terrain, en plus de l’annonce par l’un des groupes armés, pour la première fois depuis l’arrivée depuis des mois, de la controversée milice russe en territoire malien, de quatre membres de « Wagner »

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Le dernier soldat… les premiers morts

Lorsqu’on fait un pas en arrière dans l’actualité du Mali cette semaine, nous retrouverons en tête de deux faits marquants.

L’annonce de la France du retrait de son dernier soldat du Mali après une décennie de présence militaire sous le label de protection de ce pays contre toute domination des groupes armés, d’une part, et la révélation de ces derniers de l’assassinat de quatre mercenaires de la milice russe, qui motive sa présence par les mêmes objectifs prétendus par les forces françaises, à savoir, empêcher que le Mali ne bascule entre les mains des djihadistes.

En fait, les deux nouvelles reflètent la réalité de la scène malienne dans ses constantes et ses variables.

Le conflit ouvert entre le gouvernement de Bamako et ses rebelles, et les alliances déclarées ou non des deux parties.

La France était hier, l’alliée et le soutien du gouvernement à Bamako et aujourd’hui elle est, avec des présumées preuves fiables et documentées, accusée publiquement et officiellement de soutenir le terrorisme.

Le même jour, les groupes armés annonçaient le meurtre d’éléments de Wagner et célébraient en grandes pompes cet évènement, en tant que prémices de la victoire sur le nouvel envahisseur russe.

Nous sommes donc confrontés à un changement fondamental pour les belligérants de la scène au Sahel, derrière lequel se cache une plus grande lutte d’influence, qui n’est en fait qu’un fragment d’un conflit international plus vaste qui fait rage sur le champ de bataille à travers la carte du monde de l’Ukraine jusqu’à Taïwan, en passant bien sûr par Téhéran, Gaza, le Golfe et le Yémen.

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Les pieds tremblants de la France

Et afin que nous restions au Sahel et que nous mettions la plainte malienne adressée au Conseil de sécurité contre la France dans son contexte, permettez-nous d’agrandir légèrement le Zoom, pour voir l’escalade contre la France dans toute la région :

– Au Niger : le pays frontalier du Mali vers lequel la force française Barkhane a été transféré, emportant avec elle les voix qui protestent contre la présence française. Niamey a vécu Hier, une véritable atmosphère de tension due à l’interdiction d’une manifestation convoquée par le Mouvement M-62 (anti-français) et empêchée par le gouvernement.

Les manifestants déterminés à rejeter la présence française et la cherté de la vie ont décidé de convertir la manifestation « interdite » en journées de jeûne et de prière, annonçant le début de la mobilisation pour un prochain jour, dans un mois (le 18 septembre prochain).

– Au Sénégal : où avaient été proclamés les résultats des élections législatives et où le président Macky Sall a perdu sa majorité parlementaire, la coalition d’opposition, dont le mot d’ordre le plus important était (France dégage),; Les résultats ont été considérés comme historiques et ont ouvert la voie aux plus sceptiqus pour mettre fin au rêve machiavélique d’un troisième mandat, ouvrant également la voie à la réduction de l’influence de Paris dans l’un de ses plus principaux bastions historiques et stratégiques.

– Au Burkina Faso : où la colère contre la présence française monte depuis un certain temps (un convoi de ravitaillement militaire français a fait l’objet d’une embuscade l’an dernier), les drapeaux français ont été à nouveau brûlés tandis ceux des russes ont été hissés.

– Au Tchad : où la réconciliation s’opère, avec le vœu des parties d’être historique, sur une terre éloignée de la France, des voix se sont élevées contre Paris et son homme fort au pouvoir, Mohamed Deby.

Qu’adviendra-t-il après…?

Ces événements ne signifient pas, bien entendu, que la France présente au Sahel et en Afrique de l’Ouest a été vaincue et qu’elle prépare son départ définitif. Une telle lecture est superficielle, montrant toutefois que Paris se trouve désormais engagée dans une confrontation féroce contre une alliance forte entre :

Un état populaire qui embrasse les sentiments de colère qui se sont accumulés depuis l’époque coloniale

– des régimes militaires à la quête d’une légitimité et d’une cause, leur permettant de se maintenir au pouvoir pendant de longues périodes.

– La Russie qui cherche à avoir un pied sur le terrain et une position sur le flanc européen qui réplique à l’infiltration européenne sur le flanc russe.

C’est une scène qui se développe rapidement mais dont l’image finale est loin de se dessiner. Ses dynamiques enchevêtrées et ses points de force sont largement répartis entre les acteurs, les manœuvrés et les bénéficiaires de cette manipulation.


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