Discussion avec les bailleurs de fonds : l’Etat sera-t-il plus solvable avec l’exploitation gazière?
La Dépêche – Depuis plusieurs jours, une forte délégation du gouvernement mauritanien séjourne aux Usa dans le cadre des assises annuelles des institutions de Breton Woods, pour discuter du partenariat économique et financier avec les deux grandes institutions de financement : le Fmi et la Banque mondiale.
Si l’on peut regretter que depuis toujours les questions liées à la transparence de cette coopération est politiquement très sensible, l’on peut dire, sans risque de se tromper, que pour ces bailleurs, « les profils » politique des gouvernements, entre bons et mauvais élèves, sont déterminants dans les largesses accordées.
Pourtant, malgré les garde-fous pour la bonne gouvernance, la démocratie et la transparence, les institutions de Bretton Woods ne sont pas, non plus, des enfants de cœur et peuvent tolérer «les écarts» de certains Etats qui empruntent mais qui leur garantissent de très bonnes ristournes.
En Mauritanie, le portefeuille des institutions de Bretton Woods (Fmi et BM) en fait le second créancier multilatéral, après le FADES. Avec 63% de la dette extérieure nationale en 2020 due aux créanciers multilatéraux, ces bailleurs financiers disposent donc de puissants moyens de coercition.
Les responsables dépêchés ont déjà rencontré les hautes sphères du Fmi et de la BM dont notamment le vice-président de la Banque pour l’Afrique de l’ouest et du centre Ousmane Diagana. Dans ces sphères financières, le lobbying n’est pas de refus, non plus. Et notre délégation a pu certainement compter sur les efforts des « anciens du sérail», Samba Thiam, Mohamed Lemine Raghani, Zein Ould Zeidane et bien d’autres encore…
Les présentes rencontres de partenariat se déroulent alors que notre pays vient de rejoindre le futur gazoduc Nigéria-maroc; un projet stratégique qui devrait alimenter l’Afrique de l’Ouest et fournir une nouvelle source alternative pour l’Europe via le Gazoduc Maghreb Europe suivant le mémorandum signé hier à Nouakchott. Ces développements font gravir l’économie mauritanienne vers une nouvelle dimension de futur pays producteur de gaz et pourraient lui conférer plus de garanties financières.
Gageons en tout cas que les ministres des Affaires économiques et la Promotions des Secteurs Productifs, Ousmane Mamoudou Kane, des Finances, Isselmou Ould Sidi M’badi et le gouverneur de la Banque Centrale de Mauritanie, Mohamed Lemine Ould Dhahbi, vont déployer toute leur verve pour fixer cet hameçon et convaincre les bailleurs de délier la bourse.
Outre donc les questions traditionnelles se rapportant au plan d’urgence, à la politique monétaire et à la soutenabilité de la dette, lors de ces réunions de travail, les deux parties pourraient envisager avec plus d’enthousiasme l’avenir de cette coopération. En espérant que le développement de l’industrie gazière apporte son lot substantiel dans l’essor industriel et la bonne gouvernance du pays.