Le Giec réuni en Suisse pour adopter la synthèse de sept années de travaux

Les experts climat des Nations unies ont commencé lundi en Suisse des discussions d’une semaine pour adopter la synthèse de leur 6e rapport d’évaluation, résumé de plus de 10.000 pages publiées ces dernières années sur le réchauffement climatique et sur la réponse nécessaire de l’humanité.

Prévue jusqu’au 17 mars à Interlaken, en Suisse, cette session du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec) doit se conclure le 20 mars par la publication très attendue de cette synthèse, qui représentera le dernier consensus scientifique sur le climat.

“Les faits ne sont pas remis en question. Nos actions le sont”, a déclaré le chef de l’ONU Antonio Guterres dans un message vidéo à l’ouverture de la session. “Nous nous approchons du point de non-retour, du dépassement du seuil de réchauffement maximum de 1,5 degré”, a-t-il ajouté.

Tout l’enjeu de cette rencontre est de parvenir, sous une forme intelligible par tous, à un “résumé pour les décideurs” de la somme des travaux réalisés par le Giec lors de son 6e cycle d’évaluation, entamé en 2015.

Le Giec, créé en 1988, ne réalise pas d’études mais des centaines d’experts et chercheurs synthétisent la littérature scientifique existante afin d’exposer les options possibles aux décideurs politiques.

Une “orientation scientifique solide”

Ces textes seront un point d’appui majeur pour la société civile, qui a en ligne de mire le rendez-vous de la COP28, en décembre à Dubaï, où un premier bilan mondial des engagements des pays pour tenir les objectifs de Paris est attendu.

“Les dirigeants ont besoin d’une orientation scientifique solide, franche et détaillée pour prendre les bonnes décisions (…) et accélérer la sortie des énergies fossiles et la réduction des émissions”, a déclaré Antonio Guterres.

“Les faits montrent que nous n’en faisons pas encore assez pour répondre à cette crise, les émissions actuelles étant toujours au plus haut niveau de l’histoire de l’humanité”, a commenté Stephanie Roe, une responsable scientifique du WWF, autrice dans un des rapports.

“Nous sommes loin du compte et la fenêtre permettant de limiter le réchauffement à +1,5°C se referme rapidement” mais “la science montre aussi clairement que les solutions sont à notre portée”, a-t-elle ajouté.

Synthèse en deux textes

“Ce doit être le dernier rapport à susciter la consternation au lieu d’inciter à agir contre les énergies fossiles”, a déclaré Shaye Wolf, de l’ONG américaine Center for Biological Diversity.

La synthèse finale de ce 6e rapport sera composée de deux textes.

Le premier sera un condensé, en une cinquantaine de pages, des trois volets principaux publiés en 2021 et 2022 — sur les preuves physiques du réchauffement, sur ses impacts et enfin sur les mesures d’atténuation — et de trois rapports spéciaux (sur les conséquences d’un réchauffement de +1,5°C, sur les océans et la cryosphère, et sur les terres émergées).

Le second, d’une dizaine de pages, sera le “résumé pour les décideurs”, un texte hautement politique qui doit être approuvé ligne par ligne par les délégués des 195 pays membres.

“Ne pinaillez pas”

A quoi ces textes servent-ils? Ils seront la base scientifique des efforts de l’humanité et de ses responsables politiques pour tenir les objectifs de l’accord de Paris: contenir le réchauffement bien en dessous de 2°C et, si possible, à 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle.

Cette limite semble difficile à atteindre, les trajectoires actuelles tendant vers un réchauffement bien plus prononcé. Le monde en est aujourd’hui à près de 1,2°C.

“Ne pinaillez pas sur les virgules et la phraséologie, concentrez-vous sur le message principal, la magnitude du problème auquel nous faisons face”, a déclaré lundi aux experts du Giec Simon Stiell, le secrétaire exécutif de l’ONU-Climat.

“Nous savons déjà ce que le rapport nous dira (…) et nous avons des possibilités dans tous les secteurs pour réduire de moitié ou plus les émissions d’ici 2030, tout en maintenant la croissance économique mondiale (…) Nous savons ce que nous avons à faire”, a-t-il ajouté. “Maintenant la volonté politique doit se renforcer pour qu’il soit possible de corriger la trajectoire.”

Source: 7sur7

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