Aziz devant la cour : « je n’ai aucun rapport avec la fondation Errahma et je n’ai ni usines ni sociétés »

L’ancien président Mohamed O. Abdel Aziz, devant le tribunal correctionnel spécialisé dans les crimes économiques, a nié lundi avoir des relations avec la fondation ERRAHMA créée par son défunt fils Ahmedou Abdel Aziz, décédé en 2016 dans un accident de la route, qui serait à l’origine de blanchiment d’argent, selon le dossier de l’enquête.

Ould Abdel Aziz répondait aux questions du procureur de la république, représentant le parquet général dans le dossier de la décennie qui l’avait interrogé sur différents dossiers.

A propos de la fondation Errahma le procureur de la république a rappelé à l’ancien président qu’il s’était érigé en représentant de cette fondation au début de l’enquête, ce que ould Abdel Aziz a nié, avant d’ajouter que cette institution a son conseil d’administration et son secrétaire général.

Le procureur a de nouveau demandé à l’ancien président comment allait-il expliquer l’achat par l’un de ses proches d’un marché pour 210 millions d’ouguiyas, payés par le gestionnaire de la fondation.

Réponse sèche de Mohamed O. Abdel Aziz : « je n’ai aucune explication » puis une autre réponse presque identique à propos de la question posée par le procureur à propos des 24 milliards d’ouguiya qui ont transité par le compte de la fondation : « je ne suis pas concerné par cela ».

Le procureur a ajouté que « les données indiquent que vous étiez responsable de la fondation après le décès de son fondateur ce à quoi Aziz a répondu qu’après le décès du fondateur de la fondation c’est son frère aîné qui a pris sa succession, ajoutant : « je n’ai aucune relation avec la fondation ».

L’éclairage de Nouakchott

A propos d’un autre dossier relatif celui-là à l’éclairage public de certaines artères de la capitale, le procureur a demandé à l’ancien président s’il avait des explications sur la non-exécution de certains axes programmés, sur la non compatibilité des réverbères par rapport aux normes techniques et si la société nationale d’électricité (SOMELEC) avait saisi la société chinoise en ce sens.

Dans sa réponse, ould Abdel Aziz a dit les détails ne le concernent pas personnellement mais concernent plutôt les subordonnés et les chefs de service de la société, avant de rappeler les différentes composantes de cet éclairage dont certains ont été envoyés à Atar, Tidjikja, Hami tandis que d’autres ont été installés sur la route de la résistance.

Il a réaffirmé que le projet, conçu dans l’intérêt général de pays, avait été exécuté dans le respect de la loi, avant que le procureur lui rappelle que les documents font ressortir que le marché avait été remporté par une société espagnole, avant qu’elle en soit dépossédée au profit d’une société chinoise.

L’ancien président a répondu qu’il ne se rappelait pas les détails de la question, réaffirmant cependant que pendant sa décennie aucune transaction suspecte n’a été effectuée avant d’ajouter qu’aucune d’entreprise européenne ne pouvait vendre en dessous des prix des entreprises chinoises », faisant référence à l’entreprise chinoise ( Geo Solaire) qui a réalisé le projet.

Question du procureur : « est-il permis de déposséder une société ayant gagné un marché pour l’offrir à une autre ? »

Réponse de l’ancien président : « ces détails entre dans le cadre des prérogatives du système gouvernemental et il n’est pas permis de l’évoquer ici, ceci est stipulé dans l’article 93. »

Le procureur est ensuite revenu pour lui demander si certains de ses proches avaient des relations avec la société chinoise.

« Il n’y a aucune loi qui empêche des membres de ma tribu de s’adonner aux affaires »

Réplique du procureur : « la question ci concerne un membre de ta famille proche »

Commentant l’allusion du procureur ould Abdel Aziz « le ciblage existe, il peut l’être parfois pour des raisons politiques ou tribales dans certains cas ».

Evoquant le trafic d’influence, le procureur a demandé à l’ancien président s’il avait effectivement intervenu pour le recrutement de son gendre, Mohamed O. Moussabou, à la société nationale industrielle et minière (SNIM).

Pour l’ancien président c’est là une question simple car il s’agit du recrutement d’une personne dans une société avant de poser la question « combien de personnes ont été recrutées sans stage avant d’ajouter que le président de la république nomme à tous les emplois ».

Déclaration du patrimoine

Le procureur de la république a demandé à l’ancien président s’il pouvait comparer sa situation financière personnelle à son arrivée au pouvoir et à son départ de celui-ci, comme il avait toujours fait quand il évoquait la situation du pays avant son arrivée au pouvoir et à la fin de celui-ci.

Réponse de l’ancien président : « je l’ai fait devant la commission de la transparence.

La déclaration que j’ai faite comprend tous mes biens et certains autres je les ai obtenu après mon départ du pouvoir ».

Le procureur de la république a demandé à l’ancien président si les fonds qu’il confiait à certaines personnes figuraient sur sa déclaration de patrimoine.

Ould Abdel Aziz a répondu par l’affirmative, avant d’ajouter qu’il leur avait confié d’autres biens après son départ de la présidence.

« Je ne voudrai pas évoquer beaucoup de telles questions, j’avais déclaré mes biens en arrivant à la présidence et j’ai fait de même à mon départ ».

Question du procureur : « disposez-vous de fonds en devises ? »

Réponse de l’ancien président : « oui ! Toutes les monnaies obtenues en majorité des campagnes électorales et notamment la dernière, celle de 2019. »

Le procureur a demandé l’origine des fonds destinés aux campagnes : « viennent-ils de citoyens ou d’étrangers ? »

« Des deux » a répondu l’ancien président.

Une société et une usine

Interrogé par le procureur s’il était le propriétaire de la société HYDRO 24 qui dispose de plusieurs stations de carburant.

Ould Abdel Aziz a demandé au procureur de regarder le résultat de l’enquête ajoutant : « je ne dispose d’aucune société et ne m’adonne à aucune activité commerciale ».

Le procureur a rappelé à l’ancien président que les relevés bancaires de certains membres de sa famille font ressortir des dépôts d’un milliard sept cents millions d’ouguiyas.

Réponse de l’ancien président : « je ne suis pas au courant ».

Autre question posée par le procureur à propos d’une usine d’aluminium détenue par un membre de sa famille dont l’objectif était de fabriquer les équipements destinés au palais des congrès.

A cette question ould Abdel Aziz a déclaré : « je n’ai aucune usine ni société.

Je ne les avais pas à, ni à mon arrivée au pouvoir ni à mon départ ».

Interrogé sur l’appartenance de l’hôtel se trouvant à Chami, s’il lui appartenait personnellement ou à un membre de sa famille, l’ancien président a répondu : « vous pouvez me demander seulement des choses qui me concernent en tant que président de la république car les autres questions ne me concernent pas ».

Le juge a levé la séance.

Elle sera reprise ce mardi.

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