Mauritanie : le recyclage comme mode de gouvernance !

Eveil Hebdo – Après l’installation de la nouvelle Assemblée Nationale issue des dernières élections législatives, un gouvernement a été mis en place avec pratiquement la même équipe, notamment à tous les postes régaliens (Intérieur, Défense, Finances…).

Si certains étaient «déçus» de cette absence de changement, quelques observateurs avaient néanmoins jugé la démarche cohérente étant donné qu’on est à un an de l’élection présidentielle et qu’il ne serait pas judicieux de procéder à un grand chambardement qui aurait eu pour effet de perturber la dynamique et la cohésion gouvernementale à quelques encablures d’une échéance aussi importante.

Mais ce que bon nombre d’analystes ne parviennent pas à comprendre c’est le recyclage perpétuel auquel se livrent les autorités et qui consiste à remettre au-devant de la scène et à des postes de responsabilités, des personnalités qui avaient été écartées des affaires pour diverses raisons.

Les nominations opérées lors du dernier Conseil des ministres sont une parfaite illustration de cette manie à ne puiser que dans les mêmes viviers. Quelqu’un avait imagé cette situation en évoquant une salle d’attente fermée de l’extérieur et dans laquelle se retrouvent tous ceux qui sont éjectés de la pièce principale mais qui patientent, étant sûrs qu’on viendrait les chercher tôt ou tard pour prendre la place des nouveaux sortants, qui se retrouvent à leur tour dans la salle d’attente. Et ainsi de suite.

On prend les mêmes et on recommence !

Ainsi donc, lors du Conseil des ministres du 12 juillet dernier, on a assisté à un retour en force de caciques du pouvoir dans les arcanes de l’Administration. Tous ont occupé des postes de responsabilité par le passé avant d’être remerciés sans qu’on en connaisse les raisons. Et aujourd’hui ils reviennent sans aussi qu’on en connaisse les justifications.

On a vu donc revenir Mokhtar Ould Bouceif – ancien directeur de la Société mauritanienne de commercialisation du poisson (SMCP), pour occuper le poste de secrétaire général du ministère de l’hydraulique et de l’Assainissement. Le député El Bekaye Khou est promu directeur de cabinet du ministre délégué nouvellement créé relevant du ministère des Affaires étrangères chargé des Mauritaniens à l’extérieur.

Bâ Ousmane, ancien secrétaire général du Gouvernement, ancien ministre et ex président du Conseil national de l’Education, atterrit au poste de Directeur Général de Maaden Mauritanie. Les ex ministres Abdallahi Cheikh Sidiya, Sidi Mohamed Ould Maham, Ahmed Ould Jelvoune et El Moudir Ould Bouna ont été quant eux nommés respectivement Directeurs généraux de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM), du Port Autonome de Nouakchott dit Port de l’Amitié (PANPA), de l’Autorité des Ports de Mauritanie et de l’Agence de Développement Urbain (ADU). Une pratique de recyclage qui se fait évidemment au détriment de nouvelles compétences.

Une logique politique ?

Cette résurrection politico-administrative est d’autant plus inexplicable, qu’en plus de n’avoir rien accompli de notable lors de leurs précédentes mises à l’épreuve, certains d’entre eux ont été parachutés à des fonctions très éloignées de leurs profils.

Il faudrait donc être d’un grand optimisme pour espérer un changement dans le mode de gouvernance et une amélioration de la gestion des deniers publics. L’accession au pouvoir de Ould Ghazouani en 2019 n’a rien changé au mode de nominations par décrets du Président de la République et encore moins la politique clientéliste et tribaliste mise en avant pour faire du neuf avec du vieux.

L’espoir d’une rupture avec les pratiques du passé s’éloigne au fur et à mesure que le quinquennat touche à sa fin. La politique politicienne a toujours le vent en poupe et tout porte à croire que Ould Ghazouani privilégie désormais une approche qui consiste à recaser d’anciens collaborateurs de Ould Aziz en vue de se maintenir au pouvoir pour un second mandat lors de la prochaine élection présidentielle en 2024.

Sikhousso

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