Sans loi… ni même plus foi ?

Pillage systématique de nos côtes… Farines et huiles à base de sardinelles rondes… Des vidéos postées sur les réseaux sociaux qui font froid dans le dos. Depuis 2016, les alertes s’accumulent sur la surexploitation de ladite espèce, une outrance qui fait peser de graves menaces sur la sécurité alimentaire de la région.  Mais en dépit de toutes ces alarmes, la sardinelle reste la matière première des usines de farine de poisson.

Chaque jour, elles s’en approprient des milliers de tonnes. Pour produire un kilo de farine, il faut quatre à cinq kilos de poissons. En 2020, cette industrie en a englouti près de 830000 tonnes. L’activité a commencé à Nouadhibou en 2005 avec une seule usine, suivie bientôt de plusieurs dont le nombre est monté crescendo. En 2012, douze étaient d’un coup construites ; vingt-neuf exercent actuellement leurs méfaits au bord de la baie de Nouadhibou.  Les plus grandes sont aux mains d’étrangers : chinois et turcs surtout. Pour protéger la ressource, la Mauritanie a interdit, en 2015, aux usines de produire plus de 2000 tonnes de farine par an sous peine de sanctions.

Des menaces tombées dans des oreilles de sourds : d’après les statistiques, près d’un tiers des vingt-neuf usines ont, en 2017, dépassé – et de loin ! – la barrière fixée par l’État, atteignant même les 30.000 tonnes en toute… illégalité. Des usines qui constituent non seulement un danger pour la ressource mais aussi pour les populations en polluant l’air et la mer où elles déversent directement, sans aucun traitement, toutes sortes de déchets.

Pourtant l’IMROP a produit des rapports accablants sur cette pollution. Quelques ministres des pêches ont pris des mesurettes sans que cela ne change quoi que ce soit à cet état de fait. Si la situation n’est pas prise au sérieux, la ressource halieutique ne sera plus qu’un lointain souvenir d’ici quelques années. En plus des Chinois et les Européens qui lui ont occasionné d’énormes dégâts, c’est au tour des Turcs de passer à table, alors que tant de nos concitoyens – leurs coreligionnaires – souffrent de malnutrition aigüe…

Ahmed ould Cheikh

chezvlane

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