Allemagne : des milliers d’agriculteurs manifestent à travers tout le pays contre le gouvernement
La police a dénombré lundi plus de 5 000 tracteurs à Munich. D’autres convois ont paralysé la circulation à Berlin, Hambourg, Brème, ou Cologne. Le mouvement doit se poursuivre toute la semaine.
« Si les agriculteurs meurent, le pays meurt », pouvait-on lire sur les pancartes. Des milliers d’agriculteurs allemands hostiles aux réductions d’avantages fiscaux pour leur profession ont fortement perturbé le trafic lundi à travers le pays, donnant le coup d’envoi à une série de grèves et mobilisations redoutées par le gouvernement d’Olaf Scholz.
Les actions à l’appel de l’Union des agriculteurs allemands (DBV) se sont concentrées dans et autour des grandes villes allemandes au premier jour d’un mouvement social qui doit se poursuivre jusqu’à lundi prochain.
De bruyants et longs convois de tracteurs sont notamment entrés dans les métropoles de Munich au sud, où la police en a dénombré plus de 5 000, à Hambourg, Brème, au nord, ou à Cologne à l’ouest, paralysant en partie la circulation.
Un manifestant a été grièvement blessé à Thülsfelde, en Basse-Saxe, lorsque le conducteur d’une voiture a forcé un barrage, a annoncé la police locale. Des embouteillages de camions ont également été observés à la frontière entre l’Allemagne, la Pologne, la République tchèque et la France.
À Berlin, quelque 700 engins agricoles ont pris position au cœur de la capitale, près de la porte de Brandebourg, selon la police. « Si les agriculteurs meurent, le pays meurt », « le gouvernement doit partir », pouvait-on lire sur des pancartes des manifestants.
« Colère pure »
L’ire des agriculteurs s’était enflammée en décembre, à la suite de la décision du gouvernement de réduire des subventions au secteur en raison d’un rappel à l’ordre des juges constitutionnels portant sur les strictes règles budgétaires de l’Allemagne.
Sebastian Schumann, 33 ans, a dit avoir ressenti « une colère pure » : « Il faut bien voir un peu plus loin que le bout de son nez. Quelles sont les conséquences ? Les prix des aliments augmentent, tout devient plus cher », a affirmé ce travailleur agricole de l’ouest.
Dans une Allemagne menacée par la récession en raison des difficultés du secteur industriel, plombé par les coûts de l’énergie, les mesures d’économie auxquelles est contraint le gouvernement passent mal. À ces perturbations vont s’ajouter mercredi trois jours de grève nationale des transports ferroviaires à l’appel d’un syndicat de cheminots qui exige de fortes hausses salariales.
Impopularité record
Confronté à une impopularité record, le gouvernement, qui réunit les sociaux-démocrates de Scholz, les Verts et les libéraux, a adouci la semaine dernière ses projets pour le secteur agricole, annonçant notamment que l’avantage fiscal accordé sur les quantités de gazole consommées serait supprimé progressivement jusqu’en 2026 et non d’un coup.
De plus, l’avantage en matière de taxe sur les véhicules pour la sylviculture et l’agriculture sera maintenu. Le chancelier Olaf Scholz a défendu la décision selon lui « juste et réfléchie » du gouvernement, invitant les protestataires à accepter le compromis.
« Étant donné que nous avons fait un grand pas en direction des agriculteurs, je pense qu’il est maintenant important de garder la juste mesure », comme cela devrait être le cas « pour les démocrates justement en ces temps difficiles », a-t-il dit interrogé lors d’une conférence de presse commune à Berlin avec son homologue luxembourgeois.
Mais la profession voit les choses autrement. La réduction des subventions signifie « une augmentation d’impôt d’un milliard d’euros pour le secteur », et fragilise l’avenir des agriculteurs tout en mettant en danger la sécurité de l’approvisionnement en nourriture, a jugé lundi Joachim Rukwied, président de la DBV.
Source: Le Parisien