Un Gouvernement à la hauteur des défis et ambitions /El Wely Sidi Heiba

L’on s’est, depuis Platon interrogé sur la question du « bon gouvernement », les qualités à la fois des gouvernants et de leur gouvernance.

La République de Platon considérait que l’ordre politique devrait reposer sur la morale, soit les valeurs favorables à la réalisation du Bien et du Juste, et que le gouvernement politique doit être fondé sur les meilleurs et sur l’ordre social harmonieux hiérarchisé.

Moins utopique Aristote voyait le bon gouvernement plutôt dans la modération politique et la prudence, le « juste milieu » et l’équilibre entre les extrêmes, soit que la modération politique est le prolongement de la raison.

La prudence politique sera, pendant longtemps, la qualité souhaitée des gouvernants jusqu’à ce que Machiavel, incarnera le réalisme moderne, rejetant autant la pensée humaniste que le moralisme, prônant la politique efficace qui tient compte des réalités et de l’expérience humaine.

Le gouvernement des sociétés doit incarner une morale de l’efficacité. Il a une obligation de résultat.

Les idées de bon gouvernement devraient juxtaposer les idées de morale, de droit et d’efficacité et concilier en un mot, comme le pensait Eric Weil, le juste et l’efficace grâce à un mélange d’éthique, de rationalité, de compétence, d’autorité, de lucidité, de modération, de justice.

A la croisée des chemins entre l’Etat encore balbutiant qui cherche à se dégager des maillons du filet de sa structure médiévale et s’arrimer au concept de la République, introduit par le colonisateur français, l’élite instruite mauritanienne se débat encore dans les contradictions engendrées par cette situation inédite.

Sur fond de tribalisme, de régionalisme, de stratifications évidentes, de considérations et pratiques obscurantistes, obscènes et hypocrites, l’élite instruite que les meilleures écoles, instituts et universités du monde ont doté de connaissances et de titres, ne semble pas pouvoir, ou pire vouloir porter le mérite.

Au tant le plus clair de la classe instruite et politique, dont les plus anciens issus des écoles idéologiques d’avant la série inédite de coups d’Etat commencée au milieu des années 70 par le renversement du président fondateur du PPM, ne s’étaient jamais conformés aux principes de leurs discours piqués à ces idéologies révolutionnaires, autant celle d’aujourd’hui, plus jeune et plus instruite, ne s’est montrée plus attachée aux vertus cardinales de la République.

Pire encore, ces élites jeunes, fortement marquées par la mondialisation dérogent à toute éthique et s’adonnent aux pires pratiques de mutilation d’un pays fragile et sans repères de civilité.

Pour se faire, elles se sont accrochées aux vielles structures sociétales et leurs socles médiévaux. Et c’est ainsi que le détournement des deniers publics, la gabegie, le népotisme, l’arbitraire et l’abus du pouvoir sont perçus comme des marques de grandeur et constituent un rempart contre l’exclusion des sphères de l’influence.

Or la réélection dès le premier tour du candidat Mohamed Ould El Ghazouani pour un second mandat a été remportée haut la main, non par la volonté de ces fossoyeurs, mais par l’approbation d’une majorité du peuple mauritanien touchée tout au long du mandat précédent par une judicieuse politique sociale humaine salvatrice.

C’est là, sans aucun doute, un réel motif que le Président de la République mettra à l’avant pour établir une Gouvernance qui fera table rase de l’inamovible Nomenclatura passéiste, et mettre en place un Gouvernement à la hauteur des grands défis et des ambitions légitimes, et allierait savamment et courageusement éthique, rationalité, compétences, autorité, lucidité, modération, et justice

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