Interview du Président de l’Autorité de Régulation de la Publicité Mr Amadou Dieng Boubou Farba
CRIDEM : Bonjour Mr le Président, pouvez-vous nous présenter l’Autorité que vous dirigez.
Réponse : Bonjour et merci à cridem de m’accorder cette interview, qui vise à éclairer les internautes sur les missions et les objectifs assignés à l’Autorité de Régulation de la Publicité (ARP). L’ARP est une institution publique institué auprès du ministre de la culture, créée par la Loi 017 -2018 du 13 mars 2018, relative à Publicité. C’est l’organe officiel habilité à contrôler et réglementer le secteur de la publicité en Mauritanie.
Son domaine de compétence s’étend sur l’ensemble des acteurs du secteur de la publicité soumis au droit mauritanien, des annonceurs en passant par les régies et les entreprises de publicités, des délégués médicaux, des intermédiaires, les calligraphes et imprimeurs, aux médias traditionnels et électroniques.
L’ARP est constituée de deux organes délibérants conformément à des Décrets qui sont le conseil de régulation, composé d’un président et de 4 membres, tous assermentés et le Conseil du Fonds de Promotion de la publicité composé de tous les acteurs concernés Etat, Secteur public, secteur privé et professionnels.
L’ARP emploie environ une cinquantaine de personnes à Nouakchott et dans certaines localités du pays.
Question : Pouvons-nous savoir les motivations réelles qui ont conduit à la création de l’autorité de régulation de la publicité.
Réponse : Les motivations ou les raisons qui ont inspiré la création de l’ARP sont nombreuses et diverses, on peut citer entre autres :
Le souci de protéger le consommateur mauritanien contre la publicité négative, mensongère et nocive qui peuvent porter atteinte à certaines valeurs et à la cohésion sociale.
Comme vous savez, la publicité génère d’importantes ressources financières ; de ce fait en faire un vecteur de développement économique et social n’est qu’une suite logique dans son programme de création d’emplois, d’insertion des jeunes dans le milieu professionnel. Combler le vide juridique et institutionnel absent dans le domaine de la publicité. Et bien entendu, assainir et réguler le secteur de la publicité.
Question : Quelle est sa mission et son fonctionnement ?
Réponse : L’ARP exerce sa mission suivant trois axes d’intervention qui sont la régulation, le contrôle et la promotion du secteur de la publicité. Pour la régulation, l’ARP Supervise et coordonne les activités publicitaires en collaboration avec les autorités de contrôle et les acteurs du secteur. Elle étudie les demandes et les dossiers relatifs aux agréments aux activités publicitaires et conseille les autorités compétentes. Garantie la libre pratique de l’activité publicitaire dans le respect de la loi.
Pour le contrôle, l’ARP :
1. Veille à l’application des loi et réglementations relatives à la publicité en collaboration avec les autorités compétentes.
2. Surveille la conformité du contenu des messages publicitaires Pour la promotion, l’ARP :
1. Promotion des services publicitaires.
2. Contribution au développement de la production audiovisuelle.
3. Contribution au développement du secteur des médias et des prestataires
Question : Quelle est la nature des difficultés et contraintes qui se dressent sur votre chemin.
Réponse : On constate une difficulté de l’ancrage des règlementations ou même de la loi de la publicité dans l’esprit des chefs d’entreprises publiques ou privés pour le respect des procédures et surtout de paiement des taxes relatives aux recettes publicitaires.
Et pourtant plusieurs rencontres, de concertation, voire d’explications sur les tenants et les aboutissements relatifs aux services publicitaires ont été organisés à leur intention. Mais cette culture de publicité comme vecteur de croissance parce que sources d’emplois et de revenus de milliers de jeunes, tarde à s’imposer.
La cellule de recouvrement continue cependant à mener ses activités dans les règles de l’art en tenant compte de certaines situations d’ignorances voire de refus de certains acteurs de la publicité coopérer avec nos agents.
Rappelons que les recettes du recouvrement sont versées au fonds de promotion de la publicité qui est institué au niveau du trésor public. L’ARP a besoin d’avantage de moyens techniques et financiers pour effectuer notre mission convenablement.
Question : Le renforcement des capacités de vos ressources humaines et aussi la sensibilisation des différents acteurs impliqués dans le domaine de la publicité semble être vos préoccupations majeures pour atteindre vos objectifs. Comment vous y prenez-vous ?
Réponse : Nous avons commencé par la formation de nos agents en renforçant leurs capacités sur le droit (loi) les techniques de communication liées à la publicité. Les partis politiques, autorités administratives et territoriales ont bénéficiés de sessions de formations et de sensibilisations dans le domaine de la publicité et plus particulièrement celle relative à la publicité politique pendant les périodes près électorales.
Question : Pour la Première fois dans l’histoire politique de la Mauritanie, une Institution chargée de la publicité s’est impliquée dans le champs politique notamment au cours des élections législatives 2023 et présidentielles 2024. Comment avez-vous vécu cette expérience qui est une première en Afrique et quelles sont les résultats de cette participation ?
Réponse : Lors des élections l’ARP à recruter, former, équiper et déployer des jeunes sur l’étendue du territoire du pays dans le but de surveiller la publicité politique. Au terme de la campagne pour les législatives de 2023, 792 infractions ont été enregistrées dont 391 infractions corrigées qui correspondes à 49% du chiffre déclaré. Pour les Présidentielles de 2024, 804 infractions ont été enregistrées.
Question : L’Autorité de Régulation de la Publicité a également fait immersion dans le domaine médical.
Réponse : La protection du consommateur s’est affirmée comme l’une des priorités essentielles du Projet National lors de l’élaboration de la loi organisant le secteur de la Publicité. D’où l’importance accordée par cette loi à la publicité des produits médicaux et paramédicaux en lui consacrant un chapitre spécial qui définit ses règles et normes et en confiant sa mise en œuvre à l’Autorité de Régulation de la Publicité (ARP). C’est dans ce cadre que l’ARP s’est intéressé au salon International de la santé, auquel elle a participé par la présence de son stand offert par le comité d’organisation.
Question : Qu’elle est la forme de partenariat que vous entretenez avec le secteur public et privé ?
Réponse Dans le cadre du partenariat l’ARP a signé plusieurs protocoles d’accord qui sont :
• Protocole d’accord avec la HAPA.
• Protocole d’accord avec la Région de Nouakchott.
• Protocole d’accord avec la TVM.
• Protocole d’accord avec le stade olympique.
• Protocole d’accord avec les communes de Kiffa, Zouerate et Kaédi.
• Protocole d’accord avec les directions de la sureté au niveau des trois wilayas de Nouakchott.
Question : Vous avez établi une cartographie de l’ensemble des espaces publicitaires, électroniques ou digitaux existants. Quel est l’objectif ?
L’objectif est de répertorier tous les espaces publicitaires et lieux favorables à la publicité pour un meilleur contrôle. Cela va éviter une certaine anarchie qu’on voit aujourd’hui au niveau des carrefours et autres places publiques qui souvent ne sont pas destinées à ce genre d’activité.
Question : Les réseaux sociaux constituent aujourd’hui un casse-tête pour les autorités qui veulent lutter contre les dérives constatées des sites web. Que fait l’ARP pour relever le défi ?
L’ARP a d’abord mis en place un centre de surveillance qui traque à travers les médias et les sites web toutes formes de discours d’images ou d’actes de nature à nuire à la cohésion sociale, et d’autre part, qui ne respectent pas la loi relative à la publicité.
Il y’a ensuite le secteur des influenceurs ; l’ARP procède aujourd’hui au recensement et à l’enregistrement des autorisations permettant d’exercer cette activité en conformité avec la loi. A ce jour une trentaine de récépissés ont été accordés à ceux qui ont rempli les conditions requises.
Question : Quel est le bilan de l’ARP ?
Réponse : Sans rentrer dans les détails nous dirons que le bilan est positif en termes d’impact et de visibilité.
Il y’a le parachèvent du dispositif juridique ;
20 permis ont été remis à des ateliers de production de supports publicitaires,
32 agences publicitaires ont reçu leur autorisation d’exercer.
Création de bureaux régionaux au niveau de Kiffa, NDB, Kaédi, Rosso et Zouerate.
La culture de la publicité qui s’implante de plus en plus auprès des citoyens dans tous les secteurs impliqués dans le domaine de la publicité.
Question : Quelles sont les perspectives de votre institution ?
Numériser le contrôle et la surveillance par application numérique, établir la cartographie des espaces publicitaires à l’intérieur du pays. Améliorer le système de recouvrement, création et mise en, activité des bureaux régionaux Renforcement des capacités du personnel et organisation d’une série de formations des acteurs du domaine de la publicité.
Source:Rédaction Cridem