Missions de haut niveau du gouvernement : Quelle utilité ?
Missions « inutiles » ou quête de proximité avec les citoyens, les avis sont partagés sur leurs raisons profondes.
Le premier ministre a supervisé vendredi, lors d’une réunion sur les objectifs qui leur sont assignés, le coup d’envoi des missions ministérielles de haut niveau chargées «de superviser l’organisation des forums régionaux pour la planification participative du développement ».
Les résultats de ces missions détermineraient l’identification des «priorités de développement pour les citoyens ». Autant dire que ces missions s’engagent dans un rallye ; une course contre la montre pour sillonner toutes les régions du pays afin de dresser un bilan des attentes des citoyens. Seront-ils à la hauteur de leur mission ?
Perte de temps et d’argent!
Déjà, selon ses détracteurs, le gouvernement serait peu inspiré en envoyant sur le terrain des missions qui supplanteraient les missions régaliennes de l’administration territoriale et qui pourraient même susciter des frictions politiques.
Pour les tenants de ce point de vue, le Gouvernement s’enfonce de plus en plus dans la représentation « folklorique » au détriment de l’action réelle et salvatrice pour sortir le pays de l’ornière. Ce serait de cet avis, “une perte de temps et d’argent” lors du dernier mandat du président Ghazouani.
La manière de procéder pour atteindre l’objectif annoncé de ses missions de « haut niveau » altérerait même l’image des autres démembrements et structures décentralisées (gouvernorats, conseils régionaux et mairies…).
Ces derniers ne seraient plus dignes de confiance pour gérer cet aspect préparatoire et perdraient encore en crédibilité face aux populations qu’ils côtoient tous les jours contrairement aux ministres dont les agendas politiques locaux risqueraient de déphaser l’objectif initial en s’immisçant dans les querelles politiciennes locales. De plus, les missions ministérielles coûteraient chère pour le trésor public. «Des sommes astronomiques » seraient mobilisées pour entretenir ces missions.
De faux problèmes, rétorque-t-on dans l’autre camp. La réalisation des forums répondrait d’abord à un engagement électoral du président Ghazouani qui, à la faveur de ses déplacements de campagne, s’est dit témoin lui-même des conditions difficiles des populations à l’intérieur du pays.
Placement de la manne gazière !
Le Gouvernement accèderait donc à un souci du président d’identifier les obstacles et les freins de l’émancipation des régions. C’est d’ailleurs dans ce sens qu’il aurait proposé ces forums pour discuter, dans une approche participative de tous les segments de la société, des solutions idoines à envisager. Le président Ghazouani y verrait un bon placement des ristournes gazières, selon certaines sources.
Le premier Ministre, chef d’orchestre, assure que la partition sera bien jouée et que « toutes ces demandes seront étudiées, classées par ordre de priorité et que leur mise en œuvre commencera immédiatement par le biais de plans et de stratégies sectoriels ». Ould Djaye conjure toute fausse note : «ces missions doivent être l’occasion de partager avec les citoyens des informations sur la situation générale du pays et d’aborder les questions nationales les plus importantes».
Des rencontres qui s’inscrivent dans une logique de campagne communicationnelle pour mettre en relief les premières réalisations de son gouvernement dans le domaine social et la transparence. Des réponses que le Gouvernement croit faire taire ses détracteurs…
Source:La Dépêche-Mauritanie