L’Afrique en marche | Une startup mauritanienne butine avec les abeilles

L’Afrique en Marche s’en va butiner en Mauritanie. Dans ce pays sahélien, un jeune startupper, Oumar Diallo, a décidé de se lancer dans l’apiculture et de dispenser sa science auprès d’autres Mauritaniens et Mauritaniennes pour favoriser l’élevage des abeilles, si précieuses pour leur miel, mais aussi pour l’ensemble de la biodiversité.

« L’abeille est très fascinante ! Même dans le saint Coran, Dieu a donné une sourate complète pour les abeilles ! Et il a mentionné aussi que le miel, c’est un remède pour toutes les maladies ».

Oumar Diallo, 34 ans, est entré en apiculture comme d’autres entrent en religion. Spécialiste des énergies renouvelables, il décide en 2018 de consacrer sa vie et son métier à la récolte du miel et donc au développement de ruches. Dès lors, il dévore tous les ouvrages disponibles sur le sujet et suit des formations au Sénégal, aux États-Unis, en Roumanie ou encore au Burkina Faso.

« Et là, je me suis mis à faire des recherches et j’ai compris que les abeilles, c’est une société très organisée où il y a des ouvrières, architectes, des butineuses… c’est vraiment une société très organisée », s’émerveille l’apiculteur mauritanien.

« Chacune a un rôle à jouer et parallèlement aussi, les abeilles participent à la protection de l’environnement par la pollinisation des cultures. C’est après les recherches que j’ai faites en Roumanie, aux États-Unis d’Amérique, que j’ai compris que si l’abeille meurt, l’être humain n’aura que quatre ans à vivre. Donc, pas d’abeilles, pas de vie ! Raison pour laquelle nous, on se bat jour et nuit pour développer cette filière apicole en Mauritanie d’une manière durable et responsable surtout ».

Devenu expert en apiculture, il installe un peu moins de 100 ruches dans la région de Taybatal Moktar, au sud du pays, non loin du fleuve Sénégal. Non content de récolter et de commercialiser son miel dans sa start-up Apidev, Oumar Diallo forme également des femmes et des jeunes Mauritaniens à l’art de développer les essaims d’abeilles et de récolter leurs hectares. Il a d’ailleurs publié deux manuels, dont un en langue fulfulde pour les Peuls.

« Nous avons eu l’occasion de former cent-cinquante femmes et quatre coopératives féminines dans la production du miel, mais aussi la valorisation des produits de la ruche. Nous avons récolté la cire ensemble, nous avons récolté le miel ensemble et nous avons fait aussi des bougies et des savons à base de cire d’abeille. Donc, je me suis dit qu’avoir un manuel en puular parce qu’eux, ils comprennent la langue puular, ce serait aussi un atout pour moi. Je l’ai mis à leur disposition, ce manuel de l’apiculture moderne durable. Ils peuvent vraiment lire, comprendre et faire de l’apiculture. C’est une manière aussi de dire à la jeunesse que nous avons des ressources à exploiter. Il faut y rester, il faut y croire ! »

Miel d’acacia, de karité, de jujubier ou encore de moringa, la variété des parfums de ces miels permet à sa marque de se vendre avec succès au-delà même de la Mauritanie. En installant ses ruches en bois ou en ciment dans les vergers ou dans les champs, il favorise, en outre, de meilleurs rendements pour les récoltes des paysans qui l’accueillent. Car ce n’est un secret pour personne : l’abeille est un vecteur précieux de rendement et de biodiversité, comme nous l’explique Alain Chevalier, président de l’association Apiflordev : « La pollinisation par l’abeille mellifère joue un grand rôle dans la production agricole. La FAO estime que, par exemple, sur le café, l’augmentation de rendement est de 40 %. C’est-à-dire qu’on double presque la production, grâce à la pollinisation. Pour les légumes, par exemple, la pollinisation permet d’avoir des fruits de plus grosses qualités, plus réguliers et en plus grand nombre ».

Apiflordev, depuis 20 ans, forme un peu partout en Afrique à l’art de l’apiculture. À son simple niveau, la start-up d’Oumar Diallo a remporté plusieurs prix d’excellence. Et cet apiculteur heureux réinvestit le prix de ces récompenses dans l’achat de nouvelles ruches.
Source:RFI-Afrique

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