Mauritanie : une nation sous influence, entre ajustements structurels et dérives matérialistes

Depuis les années 1980, la Mauritanie a subi de profonds bouleversements sous l’effet des plans d’ajustement structurel imposés par les institutions financières internationales et du modèle politique de gouvernance démocratique dicté par l’Occident.

Ces transformations, loin d’être bénéfiques, ont engendré une dépendance accrue vis-à-vis des puissances étrangères et un affaiblissement progressif de l’État mauritanien, aujourd’hui vidé de sa substance.

L’intervention occidentale dans les affaires intérieures de la Mauritanie a conduit à une refonte totale de son modèle économique et institutionnel. Ce qui était autrefois une administration souveraine est désormais un simple relais des décisions prises ailleurs.

Dans nos ministères et nos administrations publiques, des experts occidentaux orientent les politiques et dictent aux fonctionnaires mauritaniens la conduite à tenir. Ces derniers, réduits à des rôles de façade, feignent d’exercer une souveraineté qui n’existe plus que dans les discours officiels.

Les réformes imposées sous couvert de modernisation et d’efficacité n’ont eu pour effet que de précariser davantage la société mauritanienne. La privatisation à outrance a fait de l’économie un champ ouvert à la spéculation et aux intérêts privés, où tout se vend et tout s’achète, au détriment de l’intérêt général.

Ce phénomène a été facilité par une élite bureaucratique et politique, complice de cette dépossession progressive, troquant la souveraineté nationale contre des avantages matériels et financiers

Le matérialisme est devenu la norme au sein des cercles dirigeants. Nos cadres, nos responsables politiques et administratifs ne sont plus guidés par un sens du devoir national, mais par la préservation de leurs privilèges. Ils vivent dans le confort et le luxe, insensibles aux souffrances du peuple.

Loin de servir l’intérêt général, ils sont devenus les instruments d’un système où la loyauté se mesure à la capacité de défendre l’ordre établi, quitte à piétiner les aspirations populaires.

Cette évolution a eu des conséquences désastreuses sur la société mauritanienne. Le peuple, accablé par la faim, l’ignorance et l’injustice, est devenu une masse silencieuse, résignée face à un destin qui ne lui appartient plus.

L’exode massif de la jeunesse, prête à affronter les pires dangers pour quitter un pays qui ne lui offre plus d’espoir, est une illustration frappante de cette faillite collective. Nos jeunes errent désormais dans les bidonvilles des États-Unis, de l’Europe et du Maghreb, à la recherche d’une vie meilleure qui leur est refusée chez eux.

La dernière retouche de ce tableau déjà sombre est la pression migratoire croissante qui s’exerce sur les villes mauritaniennes. L’afflux de migrants a exacerbé une situation économique et sociale déjà critique, pesant sur le pouvoir d’achat des citoyens et accentuant les tensions.

Cette réalité, loin d’être une simple conséquence de la mondialisation, est le résultat direct des politiques adoptées sous l’influence extérieure et d’une gestion intérieure défaillante.

Dans ce contexte, les acteurs nationaux censés défendre les intérêts du pays—ONG locales, députés, partisans du régime—se révèlent être des opportunistes prêts à mettre le feu à la nation pour protéger leurs privilèges. Plutôt que de proposer des solutions durables, ils instrumentalisent les crises pour renforcer leur position, exploitant la faiblesse d’un pouvoir sans vision et aux abois.

Face à ce constat alarmant, l’avenir de la Mauritanie semble incertain. Entre une élite corrompue, une jeunesse désabusée et une souveraineté bradée, la voie du redressement paraît difficile. Pourtant, la situation n’est pas irréversible. Une prise de conscience collective, portée par des citoyens engagés et soucieux de l’intérêt général, est essentielle pour briser ce cycle de dépendance et de soumission.

Il est temps que la Mauritanie retrouve sa dignité, en refusant d’être un simple pion sur l’échiquier des puissances étrangères. L’émancipation ne viendra que d’une volonté politique forte, d’un retour à des valeurs fondées sur l’intégrité et le service public, et d’une économie repensée pour servir le peuple plutôt que des intérêts particuliers.

Le défi est immense, mais l’histoire nous enseigne que les peuples ne restent jamais indéfiniment sous le joug de l’oppression. La Mauritanie peut encore écrire son propre destin, à condition de briser les chaînes de la soumission et de reprendre en main son avenir.
Source:Senalioune-Mauritanie

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