Budget : Un expert met à nue les ratés du rapport du Budget Consolidé d’Investissement
Attention, tous les chiffres présentés dans le cadre du Budget Consolidés d’Investissement (BCI) ne seraient pas « bons », dans le meilleur des cas, pas à leurs bonnes places, prétend Abdellahi Ould Didi Ould Biha, dans un post rendu public sur sa page Linkedin.
Abdellahi Ould Biha qui se présente comme ayant une solide « expérience dans le secteur financier » s’illustre comme « un chasseur des anomalies » disséminées dans les fastidieux rapports économiques officiels. Il n’en est pas à sa première expérience.
Pour la énième notre expert épingle pour des « erreurs » ou des «incohérences » les rapports officiels du ministère de l’économie et des finances. Sa dernière piste aurait porté sur le rapport du Budget Consolidé d’Investissement (BCI) pour l’année 2025.
Pour lui « ce document, qui établit les grandes orientations des investissements publics en faveur du développement économique et social, contient des erreurs et incohérences » notoires qu’il cite en vrac et images à l’appui. Plusieurs coquilles sont ainsi listées :
« 1. Erreur sur le montant global du BCI : le rapport indique 56,2 millions MRU au lieu de 56,2 milliards MRU, faussant considérablement l’ampleur du budget (page 5)
2. Incohérences dans les montants de certains projets : des montants programmés dépassent le coût total annoncé. Exemple : “Finalisation du système intégré” prévoit 54,13 millions MRU pour 2025, alors que son coût total est de 39 millions MRU. De même, “Mise en œuvre du Programme pays pour le travail décent” affiche 1,5 million MRU contre un coût total de 1,4 million MRU. (Pages 38 et 40)
3. Erreur de calcul dans le total du sous-secteur agriculture : le total programmé est erroné, affichant 3 410,40 millions MRU au lieu de 3 410,41 millions MRU. (Page 14) ».
Ould Biha continue sa critique en jaugeant l’analyse de l’exécution des projets. Il souligne notamment :
« 4 Manque de suivi des projets antérieurs : L’absence d’évaluation des projets passés empêche de mesurer leur efficacité et de repérer d’éventuels retards ou dépassements de coûts. Il nous manque le tableau comparatif des allocations et dépenses réelles
5. absence de détails sur les financements extérieurs: Le rapport mentionne 9,3 milliards MRU en dons et 7,2 milliards MRU en prêts, mais sans préciser s’il s’agit de prêts concessionnels ou d’emprunts commerciaux (taux élevés). Ça aurait été bien aussi d’y ajouter les conditions de remboursement, les échéances ou les taux d’intérêt pour mieux évaluer le vrai impact sur la dette publique
6. Sources de financement : le document liste les financements, mais sans évaluer leur impact sur la dette, le déficit ou la viabilité budgétaire. Une analyse d’impact est nécessaire pour mieux mesurer l’impact .»
Ould Biha s’appesantit enfin sur la dimension « linguistique » et grammaticale, indiquant que « 7. Linguistiquement : le rapport contient quelques maladresses, comme l’expression “bonne gouvernance moderne”, qui est redondante (gouvernance moderne suffit), ou l’usage incorrect du mot “traffic” au lieu de “trafic”. (Pages 3, 45 et 93).
En dépit de ses constats lui Biha fait remarque que « Malgré ces insuffisances, ce rapport marque une amélioration notable par rapport au PLF 2025 publié par le même ministère ». Toutes ces tares n’entameraient pas, selon lui, « le travail du gouvernement sur le terrain ». Apparemment, l’objectif pour Ould Biha est d’encourager l’Etat à faire « preuve de rigueur, de précision et d’excellence dans ses rapports officiels, afin de garantir une transparence irréprochable et une crédibilité sans faille ». La cause est donc entendue !
Source:Dépêche-Mauritanie