La sortie médiatique du MAE

A la faveur de la réponse à la crise migratoire en Mauritanie, le MAE s’est montré souverain dans le domaine de la communication sur les mesures d’éloignement et les procédures de réadmission liées aux derniers développements de la migration irrégulière.

Loin des éléments de rhétorique, cet entretien magistral révèle le pouvoir de l’humanitaire sur le réactionnaire quand on invoque le sens de responsabilité des États. L’entretien sur RFI – Radio France Internationale- est une audacieuse diplomatie publique tournée vers les populations à l’heure des réseaux sociaux en des termes qui leur parlent. Tout son argumentaire s’appuie sur la réalité des dynamiques sociales qui minent la sous région.

Au nom du réalisme et des rapports de force, cette communication volontariste incarne une posture diplomatique plus sensible aux fléaux de sociétés et susceptible de gérer la survalorisation des messages hostiles, leur capacité de manipulation des populations et leur influence sur les partenaires.

À mon avis dans cette affaire, il existe un angle mort de la détresse trop souvent laissé dans l’ombre. C’est l’optique d’une meilleure répartition des charges et responsabilités de la politique mauritanienne d’accueil et d’ouverture en matière de gestion des réfugiés confrontés récemment à la pression migratoire.

C’est aussi l’échec des financements des plans de résilience et d’urgence lancés à cet effet qui affecte la gestion des mouvements migratoires, la cohérence et la complémentarité de la réponse humanitaire. L’étouffement des structures d’accueil ouvre forcément à une gestion parallèle de la tendance, précisément les réseaux illégaux dont fait allusion le ministre.

Ce dernier avance aussi, sur la base des données de l’OIM, que le continent africain fournirait 14% sur les 200 millions de migrants par an. La Mauritanie n’en est pas le pôle d’attraction, néanmoins sa côte s’est muée en embarcadère de ces mouvements de détresse.

La tendance sur plan national fait observer une détérioration prononcée de la situation. Les prévisions de HCR sur le flux des déplacés suite au départ de la MINUSMA seraient battues par un enregistrement record de l’arrivée de 42000 déplacés en fin 2023. Le chiffre est à la fois significatif et alarmant quand on sait que par le passé il y’avait en moyenne 10000 à 12000 arrivants par an. En 2023, ce flux a été multiplié par 4.

Pour une idée de l’échelle, les données de Frontex sont assez préoccupantes. L’agence indique que la route de l’Atlantique aux Îles Canaries( les côtes mauritaniennes) est la plus empruntée en 2024 pour tenter de gagner l’Europe, soit un total 36000 interceptions des ressortissants du continent africain. Un pays frère, secoué par l’instabilité liée à plusieurs facteurs, détient le record de pays pourvoyeurs de candidats à la migration irrégulière en Europe courant l’année 2024 avec 16469 interceptions.

Une étude récente du Africa Center for Strategic Studies estime les disparitions des migrants à environ 4500 en 2024, avant de conclure que « les trois quarts de ces décès sont dus à des tentatives de traversée maritime vers l’Europe via la Méditerranée et l’Atlantique ».
Source:Mamadou Bal

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