Mauritanie : crise de gouvernance, l’exécutif sous pression
Alors qu’une partie du gouvernement est encore en vacances et que la rentrée politique est attendue pour la fin août, la Mauritanie s’enfonce dans une série de crises qui fragilisent la cohésion nationale.
Pénuries d’eau, délestages électriques, services publics en souffrance : les urgences s’accumulent, tandis que les réponses tardent. En filigrane, c’est toute l’efficacité de l’exécutif qui est remise en cause.
À Nouakchott, plusieurs quartiers sont privés d’eau depuis plus de dix jours. À Nouadhibou, une simple réparation de conduite d’eau se transforme en feuilleton technique sans fin.
Les coupures d’électricité, elles, deviennent un fait quotidien, paralysant l’activité économique et minant la patience des populations. Partout, le ras-le-bol monte, alimenté par un sentiment croissant de déconnexion entre le pouvoir et les réalités du terrain.
Flou gouvernemental et lassitude populaire
Dans ce contexte tendu, la communication du gouvernement reste confuse, parfois absente. Les promesses s’accumulent sans échéance, les explications techniques peinent à convaincre, et le silence devient suspect. Ce manque de transparence est d’autant plus mal vécu qu’il contraste avec l’urgence des besoins exprimés. Les Mauritaniens, confrontés à des difficultés élémentaires, attendent des réponses claires, des décisions fermes, et surtout des résultats.
Car si l’exécutif est le prolongement du pouvoir élu, il ne saurait se soustraire à son obligation de rendre des comptes. Et lorsque l’action publique échoue, le devoir politique est clair : reconnaître, corriger, ou se retirer.
Ould Diay face à l’épreuve de l’autorité
Le Premier ministre Moctar Ould Diay ne manque pas de dynamisme. Réputé pour sa capacité à mobiliser ses équipes et à galvaniser l’action gouvernementale, il incarne un style plus direct, plus engagé. Mais cette énergie ne suffit plus. L’heure est venue pour lui d’assumer pleinement son autorité. Il doit, sans détour, se séparer des ministres défaillants — ceux dont l’inaction, l’impréparation ou l’incompétence pèsent lourdement sur le fonctionnement de l’État.
Oui, cela fera mal. Oui, cela heurtera des équilibres politiques ou des intérêts installés. Mais l’intérêt de la Mauritanie prime sur les privilèges individuels. Le pays n’a plus les moyens de traîner des poids morts dans un moment aussi critique.
Une rentrée à hauts risques
La rentrée gouvernementale ne peut être une reprise routinière. Elle doit marquer une rupture nette avec l’inertie des derniers mois. Face à des enjeux aussi fondamentaux que l’accès à l’eau, à l’électricité ou aux services publics de base, la population attend autre chose qu’un jeu de façade : elle attend de l’action, du courage et des résultats tangibles.
Faute de ce sursaut, la défiance envers les institutions continuera de croître, nourrissant frustrations, tensions sociales et instabilité. Le gouvernement doit comprendre que sa légitimité ne repose plus uniquement sur sa nomination, mais sur sa capacité à agir efficacement. Et vite.
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