« J’étais censée mourir en cinq Ans… » : Le combat émouvant d’Awa Sané, victorieuse du VIH et grand-mère

Le témoignage d’Awa Sané, une personne vivant avec le VIH (PVVIH) depuis 1997, est un hymne à la résilience et à la science. Contaminée par son époux à son retour d’un pays de la sous-région, elle a traversé en silence les années où la stigmatisation était la règle. Aujourd’hui, elle raconte son récit pour rassurer les malades.

Les cinq années qui devraient être es dernières

« J’ai appris ma séropositivité à une époque où il n’y avait pas encore de médicaments. On nous donnait de la bactérine, à tout-va, sans réel protocole, » se souvient Awa Sané. À cette époque, l’espérance de vie était limitée : « on nous accordait cinq années d’espérance de vie. Cinq ans pour préparer sa mort, en silence. »

Jeune mariée, l’idée d’avoir un enfant lui était impensable. Puis, l’avancée de la science a apporté l’espoir avec l’arrivée des médicaments. Mais le combat était double.

La stigmatisation, plus dure que le virus

Pour Awa Sané, la plus grande difficulté n’était pas que médicale. « C’était la stigmatisation. » À l’hôpital, elle subissait des questions blessantes et accusatrices, et le regard des autres changeait. Le poids du secret était immense : « Je n’avais même pas le courage d’en parler à ma famille. Le poids du secret était plus dur que le virus lui-même. »

Son rêve, qu’elle n’osait prononcer, est devenu une réalité lorsque des médecins étrangers lui ont demandé ses besoins : « Je veux un enfant. »

Le jour où elle a défié le destin

Elle est tombée enceinte sous encadrement médical strict (PTME). Cependant, même à l’hôpital, la stigmatisation a continué. Elle raconte le jour de son accouchement : malgré la rupture de sa poche des eaux, une sage-femme l’a éconduite en voyant la mention PTME (Prévention de la Transmission Mère-Enfant) sur son carnet, la traitant « comme si je ne méritais pas de donner la vie. »

Grâce à l’intervention d’un médecin, elle a finalement été prise en charge et a donné naissance à son fils, Seydina Mohamed, en 2001.

Le secret du biberon et le soutien d’un père

L’épreuve suivante fut l’allaitement. Son père, commissaire de police, la soutenait en silence, mais sa mère voulait qu’elle allaite son enfant, ignorant le danger. Un soir, surprise par sa mère en train de préparer un biberon, Awa a vu la cuisine fermée à clé le lendemain.

C’est son père qui a agi concrètement : sans un mot, il est allé lui acheter du lait, une bonbonne de gaz et tout le matériel nécessaire pour qu’elle puisse nourrir son enfant en secret dans sa chambre. Sa plus grande victoire : son fils était sain. « Je ne lui avais pas transmis le virus. C’était ma plus grande victoire. »

Aujourd’hui, Awa Sané est la preuve vivante de la victoire sur le VIH. « Moi qui priais juste pour vivre assez longtemps pour tenir mon enfant dans mes bras, aujourd’hui, j’ai vu mon petit-fils. J’ai vu la vie continuer à travers lui. »

Elle conclut son témoignage poignant en affirmant que le VIH n’est pas une fin, et que derrière chaque PVVIH, il y a « une histoire, une douleur, mais aussi une force que personne ne soupçonne. »
Source:Senewebnews-Sénégal

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