Tracasseries en Mauritanie : Les pêcheurs de Guet Ndar expriment leurs inquiétudes et interpellent l’État du Sénégal
Confrontés à de multiples tracasseries en Mauritanie, les pêcheurs originaires de Guet Ndar ont exprimé leur ras-le-bol face à une situation qu’ils jugent « injuste et inacceptable ».
Réunis en point de presse ce mardi au quai de pêche de Guet Ndar, à Saint-Louis, ils ont appelé les autorités sénégalaises à intervenir d’urgence pour mettre fin aux difficultés qu’ils vivent à Nouadhibou et dans d’autres localités mauritaniennes.
Au nom de ses compatriotes, Baye Boli Fall, représentant des pêcheurs sénégalais en Mauritanie, a dénoncé des pratiques qu’il estime contraires aux relations historiques et fraternelles entre le Sénégal et la Mauritanie.
« Alors que le Sénégal assure actuellement la présidence de la Commission de la CEDEAO, nos parents souffrent en Mauritanie. C’est incompréhensible et profondément injuste », a-t-il déclaré.
Selon lui, les liens entre les deux pays sont anciens et solides, rappelant que de nombreux Sénégalais, notamment à Saint-Louis, partagent une histoire commune avec la Mauritanie. « L’ancien président mauritanien Moktar Ould Daddah est lui-même né à Saint-Louis. Nos relations devraient être fondées sur le respect mutuel », a-t-il souligné.
Les pêcheurs dénoncent notamment les contrôles abusifs et les agissements de certains éléments des forces de sécurité mauritaniennes. « On nous demande constamment la carte de séjour, alors que nous savons que tout étranger doit être en règle. Ces documents sont demandés à Rosso, mais leur délivrance peut prendre des mois. Entre-temps, si on t’interpelle, on peut même déchirer tes papiers », a expliqué M. Fall.
Cette situation a, selon lui, des conséquences humaines graves. De nombreuses femmes sénégalaises ont été contraintes de rentrer au pays, alors qu’elles travaillaient en Mauritanie. Les pêcheurs affirment être limités dans leurs déplacements quotidiens : « Aller au marché, à la plage ou même à la mosquée devient un risque. On t’arrête et on te renvoie vers le Sénégal », a-t-il regretté.
Pire, les expulsions de Sénégalais se multiplieraient. « On te menotte, sans nourriture ni eau. Certains passent quatre ou cinq jours dans ces conditions. Pourtant, même un prisonnier a droit à la dignité », a dénoncé le porte-parole des pêcheurs, qualifiant ces traitements d’« inhumains ».
Les pêcheurs de Guet Ndar en appellent ainsi à une implication directe des plus hautes autorités sénégalaises. Ils demandent au président de la République, au Premier ministre et au ministre des Affaires étrangères d’ouvrir un dialogue franc avec les autorités mauritaniennes afin de trouver une solution durable. Ils s’interrogent également sur l’état actuel de la coopération entre les deux États.
Baye Boli Fall a aussi lancé un appel à la paix et à la préservation des relations fraternelles entre le Sénégal et la Mauritanie. « Nous sommes des pays frères et musulmans. Certaines choses ne devraient jamais exister entre nous. Nous appelons de toutes nos forces à la paix et au respect de la dignité humaine », a-t-il conclu.
Source:Senewebnews-Sénégal
