Alternance : Sorties inamicales

Début août, Mohamed Ould Cheikh Ghazouani succédera à Mohamed Ould Abdel Aziz.

Un ancien général à la place d’un ancien général. Pardon, un président élu qui succède à un président élu. Les convenances démocratiques ont été respectées, au moins dans la forme. Mais l’alternance semble suivre une voie très particulière.

Les derniers actes posés par le président sortant et la sortie du ministre de l’économie et des finances, jeudi 25/07/2019, lors de la traditionnelle conférence de presse suivant le Conseil des ministres, confortent l’idée entretenue par certains : Ghazouani a plus à craindre de ses « amis » que de ses ennemis.

Le mois de juillet a ainsi été très chargé. Visites de villes symboles (Nouadhibou, Aleg, Rosso) où l’objectif du président sortant n’est pas, comme le pensent certains, de faire ses adieux à des populations qui l’ont adulé, mais bien de dire : voici ce que je laisse comme « héritage » à mon ami ! Un port multifonctions en chantier, un secteur agricole en pleine croissance, des lignes électriques haute tension, le bâtiment de guerre « Nimlane », l’Université Nouakchott AL ASRIYA, avec ses dortoirs d’une capacité de 2600 lits, les hôpitaux, et cætera, et cætera…

Des « réalisations » réchauffées, au bon moment, pour dire que l’Etat de la Nation, au moment où Aziz sort, est bon et que tout ce qui peut advenir par la suite sera à l’actif de son successeur !

La même perception des choses transparait dans le communiqué-bilan du ministre Ould Diay. Devant la presse, il a déclaré qu’au 31 juillet, qu’après avoir payé les fonctionnaires et agents de l’Etat et la dette échue, il restera dans les caisses du Trésor public 25 milliards d’ouguiyas ! Au niveau de la Banque centrale de Mauritanie, les réserves en devises sont d’un milliard de dollars US assurant 7 mois d’importation de biens et de services.

Si l’on ajoute à ces paroles et actes la vague de recrutements, franchement, « hors saison » parce qu’effectuée par une équipe sortante pour le compte d’une autre qui arrive, alors que le sceau de l’urgence ne se justifie pas, on se demande si tous ces agissements ne sont pas faits, exprès, dans l’unique but d’embarrasser un Ould Ghazouani venu au pouvoir non pas pour consacrer une rupture avec le « nehj » (le système de gouvernance d’Aziz) mais opérer une mue que beaucoup de mauritaniens, y compris à l’intérieur du pouvoir lui-même, souhaitent de tout cœur.

On peut cependant espérer que le répit que l’opposition est prête à accorder au nouveau président lui permettra de parer au plus pressé : prendre connaissance d’une situation économique dont la partie immergée a pour nom « lourd endettement, projets en chantiers (éléphants blancs), et précarité.

A ce sujet, un audit sérieux est à envisager au niveau de la Snim, de la Somelec et de toutes les grandes entreprises publiques ou parapubliques suspectées d’avoir servies de caisses noires au pouvoir sortant, même si celui qui arrive est vu, à tort ou à raison, comme son prolongement.

Sneiba Mohamed

Source : Elhourriya 

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