La Mauritanie terrain de la rivalité Algéro-Marocaine
L’Algérie et le Maroc, deux géants d’Afrique du Nord, se livrent depuis des années à une lutte d’influence sur le continent, et plus particulièrement en Mauritanie.
Les récents événements et les divers projets de coopération économique lancés concomitamment par ces deux pays montrent cette rivalité, qui s’exprime parfois de manière voilée ou à fleuret moucheté.
Les Projets Algériens en Mauritanie : Un Enjeu Stratégique et Économique
Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a récemment mis en avant des projets ambitieux avec la Mauritanie, notamment l’inauguration du poste frontalier Chahid Mustapha et la création d’une zone franche.
Avec un échange commercial dépassant les 200 millions de dollars annuellement, ces projets, en particulier la route Tindouf-Zouérat, sont perçus comme un investissement ayant des retombées économiques importantes. Cette démarche s’inscrit dans un contexte plus large où l’Algérie cherche à renforcer sa présence dans la région, après avoir perdu de l’influence au Sahel.
Le Maroc et sa Stratégie de Séduction en Mauritanie
De l’autre côté, le Maroc, à travers son poste frontalier d’El Guergerat, joue un rôle clé dans le commerce entre l’Afrique de l’Ouest et la Mauritanie. Cette position stratégique est vue par l’Algérie comme un défi à relever, d’où la création du poste frontalier à Tindouf.
Le Maroc commence également à parler du lancement d’une nouvelle route vers la Mauritanie à partir de Smara, soulignant l’importance stratégique et la réactivité face au contexte international et militaire.
Cette route, annoncée en 2018 par l’ancien ministre de l’Equipement et des transports, Abdelkader Amara, intervient peu après l’ouverture du passage frontalier Tindouf-Zouerate par l’Algérie et la Mauritanie, illustrant la dynamique concurrentielle entre les deux pays.
Par ailleurs, la troisième édition du Forum économique mauritano-marocain, un événement majeur dans le renforcement des liens économiques entre les deux pays, s’est tenue à Nouakchott. Ce forum, initié par l’UNPM et la CGEM, a réuni plus de 300 chefs d’entreprises, soulignant le rôle du Maroc en tant que premier investisseur africain en Mauritanie.
Ces rencontres visent à définir des projets de co-investissements dans des secteurs clés comme l’agriculture, la pêche, l’agroalimentaire, l’énergie et les infrastructures, illustrant l’approche marocaine axée sur des partenariats économiques solides et diversifiés.
Une Rivalité qui se Joue aussi dans les Médias
Cette lutte pour l’influence ne se limite pas aux projets économiques et aux infrastructures. Elle se manifeste également dans les médias, où l’on observe des accusations réciproques entre les deux pays.
Des médias marocains ont accusé l’Algérie d’attenter à la vie du président mauritanien, tandis que la presse algérienne reproche au Maroc de remettre en question l’indépendance de la Mauritanie.
Sécurité et Instabilité : Des Facteurs Aggravants
La région frontalière entre l’Algérie et la Mauritanie est marquée par des préoccupations sécuritaires, notamment en raison de la présence de groupes terroristes et de réseaux de contrebande. Ces éléments ajoutent une couche de complexité à la situation, exacerbant les tensions et la méfiance entre les pays.
En somme, la Mauritanie se retrouve au cœur d’une lutte d’influence entre l’Algérie et le Maroc, où les projets de coopération économique et les initiatives d’infrastructures cachent souvent des ambitions géopolitiques et stratégiques plus profondes.v Cette rivalité, bien qu’elle se joue sur un terrain économique, n’est pas dénuée d’implications politiques et sécuritaires, rendant la situation dans la région plus précaire et complexe.
Le ministre de l’Économie reçoit une délégation du FMI pour discuter du renforcement des relations économiques
Dans un mouvement stratégique visant à renforcer les relations économiques et le développement durable, Son Excellence M. Abdessalam Ould Mohamed Saleh, le ministre de l’Économie et du Développement durable de la Mauritanie, a accueilli une délégation de haut niveau du Fonds Monétaire International (FMI). La délégation était dirigée par M. Félix Fisher, chef de la mission du FMI en Mauritanie.
La rencontre, qui s’est tenue dans le bureau du ministre à Nouakchott, a ouvert un dialogue crucial sur divers sujets d’intérêt commun. Les discussions ont principalement porté sur l’évaluation de la coopération actuelle entre la Mauritanie et le FMI, ainsi que sur l’exploration de nouvelles avenues pour approfondir et élargir cette collaboration.
Parmi les participants figuraient plusieurs personnalités influentes, telles que M. Mohamed Salem Ould Nani, directeur général des Financements et de la Coopération économique, M. Cheikhna Ould Beddad, directeur général des Politiques et Stratégies de Développement, M. Ahmed Salem Ould Beyah, directeur général des partenariats public-privé, et M. Mohamed El Mokhtar Ahmed Sidi, directeur général de l’Agence nationale de la statistique et de l’analyse démographique et économique. Mme Anta Ndoye, représentante résidente du FMI en Mauritanie, était également présente.
Cette réunion revêt une importance particulière dans le contexte économique actuel de la Mauritanie. Le pays, cherchant à stimuler son économie et à améliorer ses indicateurs de développement, voit dans le FMI un partenaire clé pour atteindre ces objectifs.
Les discussions ont souligné l’importance de la coopération dans des domaines tels que la gestion financière, la transparence budgétaire et le développement de politiques économiques efficaces.
Les deux parties ont exprimé leur satisfaction quant à l’état actuel de leur coopération et ont réitéré leur engagement à poursuivre et à renforcer leur partenariat.
Cette rencontre est un pas de plus vers la réalisation des objectifs économiques de la Mauritanie et témoigne de son engagement à travailler main dans la main avec des institutions financières internationales pour un avenir plus prospère.
Source:Le Quotidien De Nouakchott