Entre l’Espagne, la Mauritanie et la Gambie, des accords de « migration circulaire »
Les accords signés les 27 et 28 août, à l’occasion d’une tournée en Afrique du l’Ouest du chef du gouvernement espagnol, prévoient un cadre concerté d’entrée régulière sur le sol espagnol en fonction des besoins de main d’œuvre.
L’Espagne a paraphé le 27 août avec la Mauritanie et le 28 avec la Gambie des « mémorandums d’entente » bilatéraux de « migration circulaire » : ils mettent en place un cadre concerté d’entrée régulière sur le sol espagnol en fonction des besoins de main d’œuvre. Cette migration contrôlée est censée faire une place particulière aux jeunes et aux femmes.
Ces textes visent à renforcer la collaboration contre la criminalité organisée sous toutes ses formes ont également été signés. Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a précisé qu’il s’agissait principalement de combattre le trafic d’êtres humains, lors d’une rencontre avec le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, selon des propos rapportés par l’agence nationale mauritanienne.
L’Espagne fait face à une accélération spectaculaire des arrivées de migrants clandestins, essentiellement via l’archipel des Canaries, porte d’entrée de l’Europe pour des milliers d’Africains qui prennent depuis des années la périlleuse route de l’Atlantique à la recherche d’un avenir meilleur.
La Mauritanie et la Gambie sont le point de départ d’une grande partie des migrants. Le Sénégal, troisième et dernière étape de la tournée du Premier ministre espagnol le 29 août, en est un autre sur la côte ouest-africaine, entre la Mauritanie au nord et la Gambie au sud.
Lutte contre les mafias
Le chef du gouvernement socialiste, confronté à l’acuité du sujet en Espagne, a préconisé fermeté contre les filières et humanité vis-à-vis des migrants. Il a souligné « qu’il n’y a pas si longtemps encore, l’Espagne était aussi un pays de migrants ».
« L’immigration n’est pas un problème, mais une nécessité qui s’accompagne de certains problèmes », a-t-il dit. En particulier, « nous devons lutter contre les mafias qui font le commerce d’êtres humains » et qui profitent « des conditions terribles et du désespoir de ceux qui ont recours à la migration irrégulière ».
L’Espagne s’est engagée avec ses deux partenaires ouest-africains dans des déclarations conjointes à promouvoir « des migrations sûres, ordonnées et régulières » et à « garantir un traitement juste et humain des migrants ».
Le projet pilote de « migration circulaire » avec la Mauritanie, d’une durée initiale d’un an, prévoit que l’Espagne communiquera des offres d’emploi à la Mauritanie qui sélectionnera des candidats. Ils passeront des entretiens et le cas échéant des tests, devront obtenir un visa et signer un contrat, et s’engager à retourner dans leur pays à la fin du contrat. Le mémorandum ne fournit pas de chiffre d’offres potentielles.
Dans le domaine de la défense et la sécurité, « l’Espagne contribuera à hauteur d’un demi-million d’euros à une initiative de formation » en Mauritanie, pays charnière entre Afrique du Nord et Afrique subsaharienne qui se signale par sa stabilité dans une région troublée. L’Espagne lancera prochainement en Mauritanie un Institut Cervantes, institution de promotion linguistique et culturelle.
L’Espagne « souhaite donner un nouvel élan à ses relations avec l’Afrique », a déclaré le Premier ministre Sanchez en Gambie où il effectuait la première visite officielle d’un chef de gouvernement espagnol depuis l’établissement de relations bilatérales et où il a rendu visite à des agents de la Guardia Civil et de la Police espagnoles déployés sur le port de Banjul au nom de la coopération sur la migration et contre les trafics.
Il a promis le lancement dans les prochaines semaines par l’Espagne d’une « nouvelle stratégie pour nos relations avec l’Afrique« , indiquant que l’Afrique de l’Ouest et le Sahel seront considérés comme « région prioritaire ».
Source:Jeune Afrique