Abdelmadjid Tebboune : visite historique en Mauritanie
Près de quatre décennies plus tard, un président algérien, en l’occurrence Abdelmadjid Tebboune, se rendra en République islamique de Mauritanie, cette fois pour participer à la Conférence continentale sur l’éducation, la jeunesse et l’employabilité, organisée par l’Union africaine (UA) dans la capitale du pays, Nouakchott, les 9, 10 et 11 décembre.
Jusqu’alors, dans toutes les réunions officielles ou visites d’État, l’équipe gouvernementale qui se déplaçait était celle de la Mauritanie. Depuis 2019, le président mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani, s’est rendu cinq fois à Alger.
Le président algérien était accompagné à son départ de l’aéroport international Houari Boumediene par le Premier ministre, Nadir Larbaoui, et le ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale, chef d’état-major de l’Armée nationale populaire, le général d’armée Saïd Chengriha.
Ghazouani assure actuellement la présidence tournante de l’UA jusqu’en février 2025, ce qui, conjugué aux bonnes relations entre les deux administrations, a conduit le président algérien à effectuer son premier voyage en Mauritanie.
L’un des points forts de la relation entre Alger et Nouakchott est la reconnaissance par la Mauritanie de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) depuis 1984.
La visite a lieu dans un contexte régional compliqué de tensions dans la région, alors que les troubles persistent dans le Sahel et que de nouveaux régimes émergent qui n’acceptent pas l’influence ou l’intervention des pays voisins, y compris des nations historiquement importantes telles que la France. On observe également un refroidissement des relations entre l’Algérie et les capitales régionales et internationales sur des questions de mémoire historique.
Cependant, en termes de sécurité, les deux administrations sont confrontées aux mêmes défis. La Mauritanie devient progressivement un centre de polarisation où les intérêts de différents pays coïncident, tandis que l’Algérie a choisi une voie diplomatique conflictuelle qui lui a coûté des relations tendues avec ses partenaires traditionnels. L’Algérie a notamment intérêt à renforcer ses relations avec la Mauritanie, car elle a perdu de son influence dans la région du Sahel, en particulier au Burkina Faso, au Mali et au Niger.
Les intérêts de ce voyage ne sont pas clairs et l’acceptation de la Mauritanie, selon des experts tels que Shawki Ben Zahra, n’est pas comprise car la position officielle du pays est de maintenir une position équilibrée entre les relations avec le Maroc et l’Algérie, deux rivaux politiques dans la région du Maghreb. Selon M. Zahra, « cette visite s’inscrit également dans le contexte de la tentative de l’Algérie de convaincre le gouvernement mauritanien d’adhérer au bloc tripartite maghrébin qui comprend la Tunisie et la Libye et que Nouakchott a refusé d’intégrer ».
Sur le plan économique, les relations entre les deux pays se sont nettement développées ces dernières années. L’Algérie est devenue le premier partenaire commercial africain avec des échanges économiques de 300 millions de dollars en 2022 et de 414 millions de dollars en 2023.
Outre les échanges commerciaux, les médias mauritaniens citent que les investissements algériens en Mauritanie ont soutenu d’importants projets d’infrastructures de base, la construction d’un poste frontalier de plus de 700 kilomètres, qui reliera la ville mauritanienne de Zouérate à Tindouf dans le sud-ouest de l’Algérie, et l’ouverture d’une succursale de la Banque d’Algérie dans la capitale du pays.
Source:Atalayar-Espagne