Citoyenneté : Tolérance zéro !
L’Etat doit prôner l’intolérance totale via-à-vis de la force publique quand elle est utilisée à mauvaise escient. C’est la seule mesure, en l’absence d’un état-civil généralisé, capable de fermer la porte aux appels à la haine et à la division que le refoulement des étrangers nourrit au détriment de dénonciations responsables des risques d’abus contre des nationaux.
Plusieurs hommes et mouvements politiques sont déjà montés au créneau pour dénoncer les abus de la police qui refoulerait, parfois, indistinctement des citoyens à part entière. Ces erreurs fatales et inadmissibles servent aussi certaines vendettas de groupuscules montés à l’échafaud afin surtout d’asséner la guillotine à tous.
Une tentative visant à entretenir la confusion pour alimenter le moulin de la «divisionite». Une stratégie enfourchée comme moyen pour mener un combat politique, loin malheureusement d’être innocent.
Personne ne peut trouver à redire sur les intentions des autorités à assainir la situation des migrants irréguliers transitant par le pays pour braver l’océan au péril de leurs vies. Mais les risques de débordement auxquels on peut assister lors de ces opérations de refoulement témoignent, sans doute, malgré les efforts consentis par l’Etat, de la résurgence de la délicate question de l’efficacité de l’enrôlement biométrique.
Car, il est, en effet, anormal qu’en 2025, des citoyens n’aient pas été encore dûment enregistrés par ce biais. Des opérations de recensement qui ont duré, il faut-il le rappeler, depuis 2011 jusqu’en fin 2023. Le président lui-même avait exigé, lors d’un discours à Kaédi, dans la vallée, qu’aucun mauritanien ne soit laissé en rade de cet enrôlement biométrique.
Des imams, des notables auraient été mis à contribution pour établir les identités et fournir les documents par l’Agence Nationale du Registre des Populations et des Titres sécurisés (ANRPTS). Dans cette optique, le ministère de l’intérieur avait même opté pour un mode de proximité permettant à des villages reculés ou enclavés de recevoir des missions De l’ANRPTS aux fins de l’enrôlement biométrique.
La confrontation de l’enrôlement biométrique avec la réalité de terrain, à la faveur des opérations de refoulement des étrangers, montre quelques failles que l’Etat doit colmater. L’Etat devrait, en effet, trouver les ressorts pour la part des choses entre nationaux et étrangers quand les premiers ne peuvent présenter des documents officiels biométriques.
Le témoignage des sages et les données objectives sur la personne devraient lever toute équivoque sur son appartenance à la communauté. Il va sans dire, dans les circonstances actuelles, que pour fermer hermétiquement la porte aux dépassements que les autorités publiques chargées du refoulement des étrangers en situation irrégulière n’ont aucun droit à l’erreur ou à susciter la confusion dont profitent les activistes des eaux troubles pour écorner l’image de la cohabitation entre les différentes communautés.
Un discours haineux que l’Etat ne devrait pas tolérer en recourant aux lois en vigueur sur ces questions. Car, personne n’est au-dessus des lois. L’Etat devrait, par ailleurs, favoriser la régularisation des titres de séjour dans les limites qu’il s’est lui-même fixé afin d’atténuer cette polémique sur le refoulement des étrangers en situation irrégulière.
De leurs côtés, les forces de l’ordre, qu’il s’agisse de la police et ou la gendarmerie ou toute autre administration chargée de mener à bien les opérations de refoulement des étrangers en situation irrégulière vers les frontières, ont l’obligation de mener leur mission, sans coup férir mais dans le respect de la dignité humaines des personnes appréhendées.
Source:La Dépêche-Mauritanie