Kampala-AFSA : l’Afrique vers l’agroécologie pour des économies alimentaires locales (En images)
Future Afrique – L’Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique ou Alliance for Food souvereignty in Africa (AFSA) a organisé, du 24 au 26 mai dernier, à Kampala, la capitale Ougandaise, une conférence sur l’entrepreneuriat agro-écologique et les marchés territoriaux africains sous le thème : « Faire progresser les entreprises agro-écologiques pour des économies alimentaires locales saines ».
La conférence a été tenue en présence du vice-Premier ministre ougandais, Rt. Hon. Rebecca AlitwalaKadaga et de hauts responsables des gouvernements. Plus de 680 participants dont 500 ont suivi les travaux par vidéoconférence.
Ils sont issus des petits exploitants, des entrepreneurs agro-écologiques, des secteurs privé et public, des partenaires au développement, du monde des médias, des leaders du marché et des vendeurs, des organisations de la société civile, des groupes de consommateurs, des organisations de femmes, des prestataires de services, des chercheurs universitaires, tous venus d’une trentaine de pays.
Ceci affirme que L’AFSA reste convaincue que la mise en place des systèmes alimentaires durables et résilients en Afrique passe par l’agro écologie.
Première du genre, cette réunion vise à construire une vision partagée pour la croissance des entrepreneurs agro-écologiques africains et des marchés territoriaux centrés sur un développement équitable et durable pour des systèmes alimentaires africains sains.
Prenant la parole, le président du Conseil d’administration de l’AFSA, Dr Chris Macoloo, a déclaré que cette conférence se veut un cadre pour réfléchir aux obstacles à la transition vers l’agro-écologie en Afrique et les moyens de les surmonter.
Elle constitue, dit-il, également une opportunité pour se pencher sur les marchés alimentaires africains, ceux qui les contrôlent et marginalisent l’Afrique. Pour le coordonnateur général de l’AFSA, Dr Million Belay, l’agroécologie est à la fois une science, une pratique, un mouvement social.
Elle est nécessaire pour bâtir des systèmes de production durables adaptés au continent Afrique. Politiques alimentaires : intégrer l’agroécologie C’est pourquoi, a-t-il, insisté, l’AFSA milite pour l’intégration d’approche agro-écologique dans les politiques alimentaires et de lutte contre le changement climatique sur le continent africain.
Dr Million Belay a signalé que l’entrepreneuriat agro écologique est une stratégie commerciale radicale qui apporte de la valeur non seulement à l’entrepreneur, mais surtout à la société, à l’environnement. Les crises internationales ont montré que les marchés territoriaux restent la meilleure alternative pour raccourcir les chaines d’approvisionnement, pour rapprocher producteurs et consommateurs, a-t-il précisé.
C’est pourquoi, il a appelé les pouvoirs et leurs partenaires à soutenir ces marchés locaux, les petits exploitants, à plus de financements de l’agro écologie en Afrique.
Quant au vice-Premier ministre de l’Ouganda, Rt. Hon. Rebecca AlitwalaKadaga, il a souligné la nécessité de réaliser des investissements dans les infrastructures pour faciliter l’accès aux marchés territoriaux africains. Tout en saluant les efforts consentis par l’AFSA pour la promotion de l’agro-écologie en Afrique, elle s’est réjouie de voir son pays abriter ces assises africaines. Avant d’ouvrir officiellement cette rencontre, le vice-Premier ministre ougandais a invité les participants à des délibérations fructueuses.
Développement des marchés territoriaux en Afrique
Trois jours durant, quatre thématiques ont été abordées par les participants. Il s’agit des mécanismes de développement des marchés territoriaux, des systèmes de soutien à l’entrepreneuriat agro écologique (financement et investissement), des politiques d’habilitation et de l’engagement des consommateurs et des citoyens. Les travaux ont également marqué par des visites sur le terrain des entreprises agro-écologiques et des marchés territoriaux
L’Engagement de Kampala pour des politiques publiques appropriées
Les premières assises africaines sur l’entrepreneuriat agro écologique et les marchés territoriaux ont été marquées par « l’Engagement de Kampala sur la promotion de l’entrepreneuriat agro écologique et des marchés territoriaux en Afrique ».
« L’engagement de Kampala sur la promotion de l’entrepreneuriat agro écologique et des marchés territoriaux en Afrique ».
Cet engagement se veut un guide un outil d’interpellation des parties prenantes sur leurs rôles et responsabilités. Il constitue aussi un document-cadre définissant les actions et décisions devant permettre de promouvoir les marchés territoriaux des produits agro écologiques, renforcer les systèmes de soutien aux entrepreneurs agro écologiques africains, soutenir le développement et la mise en œuvre de politiques appropriées pour la promotion des entreprises agro écologiques et des marchés territoriaux, accroître l’engagement des citoyens et la consommation de produits agro écologiques.
Société civile mobilisée sur l’appel de Kampala 2022
A travers l’Engagement de Kampala, la conférence appelle, autres entres, à faciliter l’apprentissage des marchés territoriaux et à communiquer largement sur leurs caractéristiques et leurs contributions à la souveraineté alimentaire et aux économies locales, à plaider en faveur d’un soutien public pour l’amélioration de l’infrastructure du marché, à soutenir les producteurs et les vendeurs pour améliorer la commercialisation des produits agro écologiques, à accompagner les initiatives pilotes présentant des innovations sur les marchés territoriaux.
Les participants se sont en outre engagés à amener les gouvernements à inclure le soutien à l’agroenvironnement dans les plans nationaux d’investissement agricole et utiliser les programmes publics d’approvisionnement alimentaire pour soutenir les marchés des produits agroenvironnementaux, en particulier ceux produits par les femmes ; et à intégrer les impératifs et les engagements de l’UA et des Communautés économiques régionales relatifs à l’initiative pour une agriculture biologique écologique (EOAI) dans les politiques et programmes nationaux pour l’agriculture et la sécurité alimentaire.
La renaissance de l’agriculture africaine
L’engagement a aussi été pris d’œuvrer à amener les Partenaires de développement et donateurs à mettre en place des mécanismes de financement et des partenariats innovants pour le soutien à l’entrepreneuriat agro écologique ciblant les petits exploitants et producteurs, en particulier les femmes.
Quant aux chercheurs, ils sont appelés à privilégier une plus grande équité dans le partage des bénéfices, en donnant la priorité aux producteurs primaires, en particulier aux femmes et aux petits exploitants agricoles.
Pour le président du Conseil d’administration de l’AFSA, Dr Chris Macoloo, l’avenir du contient repose sur l’agro écologie, le défi reste à travailler dès maintenant à réussir cette transition vers cette approche de production durable qui va permettre de placer l’Afrique où elle doit être, d’occuper la place qui lui revient.
Pour sa part, le ministre d’Etat ougandais en charge de l’Agriculture, Kyakulaga Fred Bwino, il s’est réjoui de voir son pays abriter ces assises africaines. L’agro écologie est depuis longtemps présente dans les traditions culturales africaines à travers l’agriculture rotative, l’agroforesterie, et transmise de génération en génération, dira-t-il.
« L’agro écologie constitue la condition de la renaissance de l’agriculture africaine, a poursuivi le ministre ougandais. Il est important que les Etats africains puissent aligner les politiques, les programmes nationaux à l’agenda agro écologique ; mobiliser les populations vers la transition écologique, à soutenir l’entrepreneuriat agro écologique », a-t-il conclu.
A cette conférence, Banlieues Du Monde Mauritanie était représentée à Kampala par son président M. Ibrahima NIANG, suite à une invitation de l’AFSA. Il a dans ses interventions, rappeler que tous les mouvements agro écologiques de Mauritanie à travers des réseaux comme ROSA (Réseau des Organisations de la société civile pour la Sécurité Alimentaire) œuvrent dans le développement effectif de l’agriculture.
Il a noté que la Mauritanie s’est engagée depuis quelques années dans l’agro écologique. Les autorités et le département en chargé de l’agriculture encourage cette pratique afin d’accompagner l’autosuffisance alimentaire.
A noter que la participation et l’expérience de la Mauritanie ont été saluées par les organisateurs et les participants.
M. Niang a dans l’un de ses exposés fait état des produits séchés et transformés par des femmes du village de N’Diorol dans la commune de Dar El Avia (Moughataa de Boghé) et qui ont été exposés par Banlieues Du Monde Mauritanie. Ces produits, selon, M. Niang, sont entre autres : la tomate concentrée, l’aubergine séchée et transformée en couscous, l’oignon, le gombo et la carotte.
Auparavant, il avait dit que l’agro écologie est une dimension que Banlieues Du Monde Mauritanie enregistre parmi ses priorités dans la définition de sa stratégie de développement au sein de ses territoires d’intervention.
Pour répondre à la crise alimentaire en Mauritanie, quelques projets illustrent cette approche dont notamment : le projet SALAM, financé par la Coopération Française qui a permis de former 20 personnes qui exploitent des parcelles de terre dans la commune de Dar El Avia sur les techniques agro écologiques et sur les techniques de séchage, conservation et transformation des produits agricoles.
C’est dans ce sens qu’un Centre multifonctionnel doté des équipements modernes est mis en place à N’Diorol en vue de répondre aux besoins des communautés rurales. Ce centre est composé de 4 unités notamment :
1. Unité de microcrédit par une amélioration de tontine, permettant aux adhérents d’autofinancer leurs activités économiques
2. Unité de séchage, transformation et conservation des produits agricoles
3. Unité de production d’intrants agro écologiques
4. Unité de l’artisanat et Art utilitaire
A la fin des travaux, la rencontre de Kampala a été sanctionnée par plusieurs décisions allant dans le sens du développement agricole et l’autosuffisance alimentaire dans les pays d’Afrique.