Interview avec Abdel Aziz Boughourbal

Le FC Nouadhibou a décroché vendredi le septième titre de champion de son histoire, le deuxième d’affilée.

Dans un entretien accordé à FFRIM.ORG, Moulaye Abdel Aziz Boughourbal a fait part de ses ambitions pour la saison prochaine. Le Président du club Orange a aussi tenu à répondre à certaines polémiques, notamment liées à l’arbitrage.

Bonjour Président, le FC Nouadhibou vient de décrocher son septième titre de champion. Quel bilan faites-vous de cette saison ?

A. A. Boughourbal : Le championnat est toujours la priorité du club. C’est la compétition nationale la plus difficile, surtout cette année, où certaines équipes ont bien travaillé et placé la barre très haut.

Malgré l’élimination en Coupe du Président, estimez-vous que c’est une saison réussie ?

Nous n’égalerons pas le doublé championnat-coupe de l’année dernière, ce qui nous laisse un goût amer et une légère sensation de mission non accomplie. Mais c’est le football, on ne peut pas toujours tout gagner. Sans oublier que nous avons perdu une grande partie de notre milieu de terrain durant l’intersaison après les départs d’Alassane Diop, Ezéchiel et Bessam. Il nous a fallu reconstruire pour ne pas perdre le cycle en intégrant les nouveaux arrivants.

Beaucoup d’observateurs ont dénoncé un arbitrage qui favoriserait le FC Nouadhibou. Quel regard portez-vous sur cette polémique ?

Les observateurs qui proviennent des équipes battues ont toujours vocation à incriminer l’arbitre. Et cela est valable également pour ceux qui viennent de mon club. Il est toujours plus facile de dire que c’est la faute de l’arbitre plutôt que d’avoir le recul et d’analyser ses manquements.

« Ces observateurs ont une vision très simpliste de ce qu’est le football »

Par exemple, ce dernier match face à l’ASAC Concorde où l’on doit jouer à dix contre onze pendant trente minutes après l’expulsion de notre joueur (Ezéchiel, ndlr). Si notre adversaire était revenu au score et nous avait battu, le réflexe de nos observateurs [sur les réseaux sociaux] aurait été d’inculper l’arbitrage. Très peu aurait vraiment analysé le match, voir si l’entraîneur n’a pas su gérer la situation, si les joueurs n’étaient pas prêts physiquement et tactiquement. Non, le plus facile aurait été de salir le trio d’arbitres et éviter de soulever les réels manquements.

Vous savez, nous filmons tous nos matchs et nous pouvons énumérer une liste d’erreurs ou de faits de jeu contre notre club. Il est vrai qu’il y’en a à notre faveur comme cela est le cas partout. Mais de là à juger qu’une saison est gâchée à cause d’un penalty ou un carton rouge, alors je dis à ces observateurs qu’ils ont une vision très simpliste de ce qu’est le football.

Nos arbitres font un travail remarquable ces dernières années, mais la route est encore longue. Je pense qu’ils ont le niveau de notre championnat, c’est-à-dire faible. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si aucun n’a été retenu pour la Coupe d’Afrique des Nations en Égypte. Comme je le dis souvent, notre football est toujours arbitré comme au basketball. L’arbitre siffle au moindre duel avec contact. C’est pour cette raison que nos joueurs locaux ont du mal à exister sur la scène continentale et percer à l’étranger. Pour cette raison aussi, que les joueurs provenant d’autres championnats sont systématiquement avertis et sanctionnés pour le moindre duel.

Toutes nos rencontres sont analysées par InStat (une société d’analyse de la performance sportive, ndlr). Nous arrivons à gagner des matchs avec 40% de duels remportés. Au niveau international, avec un tel pourcentage vous prenez un 4-0 et vous rentrez chez vous en accusant les arbitres d’incompétents ou de corrompus.

Une chose pour conclure sur cette question. Autant je pense que les supporters ont le droit d’exprimer leurs avis, autant les membres des clubs qui s’adonnent à lancer sur les réseaux sociaux des accusations pour salir le corps arbitral doivent être sévèrement sanctionnés. Les arbitres comme tous ont des familles qui lisent également ces injures et y sont sensibles. L’arbitrage est un métier difficile et si nos arbitres ne se sentent pas protégés, alors plus personne ne voudra s’engager dans ce corps. Ce sera une perte générale. La Ligue Nationale de Football doit réagir et mettre en place un mécanisme de surveillance et de sanction comme il en existe partout.

« Notre football est un football innocent »

Le FC Nouadhibou retrouvera la Ligue des Champions d’Afrique l’année prochaine. Quelles sont vos ambitions sur la scène continentale ?

Nos ambitions sont d’atteindre la phase de groupes. Mais nous sommes conscients du grand fossé qui sépare notre championnat de la Ligue des Champions d’Afrique. Il faut absolument que le niveau général augmente pour que nous ou un autre club mauritanien puisse prétendre faire un bon parcours dans cette compétition.

Justement, votre club n’a toujours pas réussi à intégrer la phase de groupes d’une compétition continentale. Qu’est-ce qui manque au FC Nouadhibou pour enfin y arriver ?

Comme je l’ai dit précédemment, notre football est un « football innocent », sans duel. Il nous manque de l’intensité à tous les échelons. Le niveau est encore très faible. Sinon, comment expliquez-vous que malgré une entrée gratuite, les stades sont quasiment vides ? Toutefois, nous restons optimistes. Nous sommes sur le bon chemin. Il y’a quelques années, le championnat était l’affaire d’un ou deux clubs. Cette année, quatre ou cinq équipes pouvaient prétendre au titre.

Pouvons-nous nous attendre à une grande activité de votre club lors du prochain mercato estival ?

Nous cherchons toujours à améliorer l’effectif et le rendre le plus compétitif possible. Pour y arriver, il faut un maximum de concurrence à tous les postes. Le staff est déjà en train de préparer la prochaine saison depuis quelques temps. Vous verrez bien d’ici peu.

Source : FFRIM

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