Antonio Indjai : le général bissau-guinéen que Washington veut arrêter avec une offre de 5 millions de dollars

 L’histoire a tout du scénario d’un polar à succès : un général africain accusé de trafic de drogue et recherché par les Etats unis qui promettent 5 millions de dollars pour toute information menant à sa capture ou condamnation.

Un président africain qui refuse d’extrader l’ancien chef d’Etat major de l’armée de son pays. Mais de la fiction à la réalité, il n’y a qu’un pas que les lignes qui vont suivre ont franchi.

Ancien putschiste, Antonio Indjai a en effet mis fin au processus électoral à la veille du 2nd tour de la présidentielle d’avril 2012 organisée après la mort du président Malam Bécaye Sagna en janvier de la même année.

Le général Antonio Indjai a dirigé les forces armées bissau-guinéennes depuis qu’il a destitué son prédécesseur José Zamora Induta en marge d’une mutinerie en avril 2010. Il sera démis de ses fonctions en 2014 par le président de l’époque José Mario Vaz.

Antonio Indjai fait l’objet d’une interdiction de voyager des Nations unies depuis mai 2012, en raison de sa participation au coup d’État d’avril 2012.

Le général Indjai s’est fait connaître pendant la guerre civile des années 1990.

Que lui reprochent les Etats-Unis ?

Le Département d’État américain offre une récompense pouvant atteindre 5 millions de dollars pour toute information menant à l’arrestation et/ou à la condamnation d’Antonio Indjai.

Selon la note à son sujet publié sur le site du département d’Etat, Antonio Indjai a dirigé une organisation criminelle qui a pris une part active au trafic de drogue en Guinée-Bissau et dans la région pendant de nombreuses années, même lorsqu’il était à la tête des forces armées de Guinée-Bissau.

“Indjai était considéré comme l’une des plus puissantes figures de déstabilisation de la Guinée-Bissau, opérant librement dans toute l’Afrique de l’Ouest, utilisant les produits illégaux pour corrompre et déstabiliser d’autres gouvernements étrangers et saper l’État de droit dans toute la région”, poursuit le département d’Etat.

En 2013, des procureurs américains l’ont inculpé. Ils l’accusaient d’avoir stocké pour les FARC des tonnes de cocaïne dont la vente avait financé l’achat d’armes pour les guérilleros et des pots-de-vin à destination de responsables en Guinée-Bissau.

De nombreux officiers supérieurs de l’armée avaient été accusés d’avoir transformé le pays en un État narcotique, car il s’agit d’une importante plaque tournante pour la cocaïne acheminée clandestinement d’Amérique latine vers l’Europe.

Quelle est la réaction d’Antonio Indjai ?

De 2013 à maintenant, le général Bissau-guinéen n’a jamais réagi à ces accusations dans la presse. La BBC a tenté de le joindre pour une réaction à ce nouveau développement, mais sans succès.

Qu’a dit le président Bissau guinéen ?

Le président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo, exclut l’extradition de l’ancien chef d’Etat major des forces armées de son pays. Selon le chef d’Etat bissau-guinéen, si le général Antonio Indjai a commis un crime, il pourra être jugé par les juridictions bissau-guinéennes.

“Aucun citoyen guinéen ne sera traduit en justice dans un autre pays”, a-t-il dit.

“Les accusations contre le général Antonio Indjai ne sont valables qu’aux Etats-Unis d’Amérique. Le général, qui vit en Guinée-Bissau, peut se déplacer à sa guise”, déclare M Embalo.

Ndèye Khady Lo
BBC Afrique, Dakar

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