Macron dîne avec le prince héritier saoudien, malgré Khashoggi et l’ire des défenseurs des droits humains

Le Figaro – Le président Emmanuel Macron a accueilli jeudi 28 juillet d’une longue poignée de main le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman, invité pour un dîner de travail au palais de l’Élysée à Paris, malgré les protestations des défenseurs des droits de l’Homme.

Emmanuel Macron a chaleureusement salué son hôte vêtu de la tenue traditionnelle saoudienne, et dont c’est la première visite en Europe depuis l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat d’Arabie saoudite en Turquie il y a moins de quatre ans, selon les images diffusées par AFP TV.

Les services de renseignement américains ont pointé la responsabilité du prince héritier, qui dément avoir ordonné l’assassinat même s’il a admis en porter la responsabilité en tant que dirigeant.

Cette rencontre signe un peu plus la «réhabilitation» du dirigeant de facto du royaume, moins de deux semaines après la visite du président américain Joe Biden en Arabie saoudite, qui a consacré le retour du prince héritier, surnommé MBS, sur la scène internationale, dans un contexte de guerre en Ukraine et de flambée des prix de l’énergie.

En réponse à la colère des défenseurs des droits humains, la présidence française a affirmé jeudi qu’Emmanuel Macron aborderait la «question des droits de l’Homme comme il fait à chaque fois avec Mohammed Ben Salman». «Il abordera (cette question) de façon générale mais il en profitera pour parler des cas individuels».

L’Élysée affirme que ce dîner est nécessaire, au regard de l’envolée des prix de l’énergie, de la crise alimentaire au Moyen-Orient et des inquiétudes liées au programme nucléaire iranien. «Si on veut se confronter, s’attaquer aux conséquences de ces crises d’une part et peser dans la région au profit de tous, le seul moyen c’est de parler avec tous les principaux acteurs», a fait savoir la présidence.

Plainte contre MBS

Jeudi, une plainte pour complicité de torture et de disparition forcée en lien avec l’assassinat de Jamal Khashoggi a été déposée à Paris contre le prince héritier, ont annoncé les ONG Democracy for the Arab World Now (DAWN), fondée par le journaliste saoudien, et l’ONG suisse Trial International.

Hatice Cengiz, la fiancée de Jamal Khashoggi, s’est dite «scandalisée et outrée qu’Emmanuel Macron reçoive avec tous les honneurs le bourreau de mon fiancé», dans un message en français adressé à l’AFP. Chroniqueur du Washington Post, critique du pouvoir saoudien, le journaliste a été tué et démembré le 2 octobre 2018 dans les locaux du consulat saoudien à Istanbul alors qu’il venait chercher des papiers nécessaires à son mariage.

Salué pour ses réformes, «MBS» est toutefois critiqué à cause de la répression menée contre les dissidents dans les milieux religieux, politiques, intellectuels, économiques et même au sein de la famille royale. Son image de réformateur avait été mondialement ternie par l’assassinat de Jamal Khashoggi.

Si le «fist bump», salut poing contre poing, échangé entre les deux hommes à Jeddah lors de la visite de Joe Biden a scellé le retour du président américain sur sa promesse de campagne de traiter le royaume en «paria», le premier déplacement de MBS au sein de l’Union européenne passe mal chez les défenseurs des droits de l’Homme.

Face à ces réactions virulentes, la première ministre Élisabeth Borne a indiqué qu’il ne s’agissait pas de «remettre en cause notre engagement en faveur des droits de l’Homme». «Je pense que les Français ne comprendraient pas, dans un contexte où l’on sait que la Russie coupe, menace de couper et recoupe l’approvisionnement en gaz (…) qu’on ne discute pas avec les pays qui sont précisément producteurs d’énergie», a-t-elle estimé.

Le Figaro avec AFP

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