Mauritanie-Afrique-Usa : Vers un “New Deal”

La Dépêche – La cadence avec laquelle s’affermissent et se multiplient les visites entre Nouakchott et Washington augure d’une nouvelle lune de miel entre les deux capitales après l’exclusion surprise en 2018 de notre pays de l’Agoa par l’Administration Trump. Le futur sommet afro-américain de Washington sera l’occasion pour annoncer la couleur.

La Mauritanie est devenue plus fréquentable pour Washington. La preuve l’invitation officielle du président démocrate Joe Biden adressée au président Ghazouani pour faire partie des Chefs d’Etat africain présents au sommet Usa-Afrique.

C’est donc avec une grande sérénité que le président Ghazouani honorera l’invitation adressée par le président Joe Biden pour prendre part, du 13 au 15 décembre courant, à ce sommet tant attendu.

Mieux le président mauritanien se rendra à Washington encore plus serein et sera même courtisé eu égard, non seulement aux promesses alléchantes des activités pétrolières et gazières, mais aussi à la posture de première ligne du pays face à l’activisme russe via les mercenaires Wagner en Afrique de l’Ouest et aux améliorations notoires en terme de gestion des droits de l’Homme.

Une gestion dont semble bien s’occuper la Commission nationale des droits de l’Homme dont la dernière mission au Brakna «Tourner la page de l’esclavage » était organisée en présence de l’ambassadrice américaine à Nouakchott, SEMme Cynthia Kierscht. Elle vient aussi de recevoir une délégation du Bureau de suivi de la lutte contre la traite des êtres humains du département d’État des États-Unis, conduite par M. Bryan Marcus, son directeur adjoint.

Visite qui aura permis au président de la Cndh, Me Ahmed Salem Ould Bouhoubeyni, de mieux présenter l’approche suivie par son organisation dans la protection et la promotion des droits de l’homme.

Un prisme par lequel les Usa avaient suspendu, en 2018, l’ancien gouvernement pour le « déficit de volonté politique» sur ce dossier. Changement de ton aujourd’hui note la sous-secrétaire d’Etat américaine aux Affaires politiques, Victoria Nuland, qualifiant récemment la relation entre la Mauritanie et les Etats-Unis de « très forte » et basée sur des « valeurs partagées».

Le marché énergétique mauritanien alléchant

Les dernières statistiques sur les échanges commerciaux entre la Mauritanie et les Usa n’indiquent pas une grande recette. Il s’agirait tout au plus, en l’absence d’un accord commercial entre les deux pays, un excédent commercial américain de 66 millions de dollars (2017).

A l’échelle des échanges avec les Usa –jusqu’en 2019- la Mauritanie était d’ailleurs classée au 147ème rang de partenaire commercial avec seulement 189 millions de dollars de volume d’échanges de marchandises et au 136ème rang des marchés d’exportations us avec 128 millions usd. ; Essentiellement des aéronefs, des machines, de la viandes et des produits chimiques inorganiques…La Mauritanie reste le 139ème rang des exportateurs vers les Usa (61 millions Usd en chute avec l’exclusion de l’Agoa).

Ces biens et services exportés aux Etats-Unis concernaient les combustibles minéraux, du poisson et fruits de mer, des engrais et des produits qualifiés de spéciaux. Tous ces marchés sont le créneau d’entreprise qui forment pour leur majorité le Forum des Hommes d’Affaires mauritano-américains. Une organisation qui tente de booster, malgré les implications politiques, les échanges commerciaux entre les deux pays.

C’est pourquoi concomitamment du sommet de Washington, le président de la République va encore prêter main forte à l’Agence de Promotion des Investissements en Mauritanie (APIM),qui entend, en collaboration Forum des Hommes d’Affaires mauritano-américains, organiser un Petit-déjeuner d’Affaires sous la houlette de S.E. Mohamed Cheikh El Ghazouani, Président de la République Islamique de Mauritanie, le 16 décembre 2022 au National Press Club de Washington, DC.

Par ailleurs, les investisseurs américains semblent porter leur dévolu sur les créneaux énergétiques comme le gaz, le pétrole ou encore les mines. C’est en tout cas le sentiment donné siuite au dialogue dans le domaine de l’énergie inauguré entre les deux pays lors de récents échanges entre le ministre du pétrole, des mines et de l’énergie, Abdel Salam Ould Mohamed Saleh, avec le sous-secrétaire d’Etat américain, Jeffrey Pyatt, en présence de l’ambassadrice américaine en Mauritanie, Cynthia Kierscht.

« Un dialogue pour développer les projets énergétiques communs visant une transition énergétique, à soutenir les voies d’augmentation des énergies renouvelables et de leur production, et à s’attaquer aux causes profondes du changement climatique ».

Des relations économiques peuvent fragiliser les relations politiques

Il est bien clair que le niveau des relations économiques ne se hissait pas à celui de la recherche d’une relation exemplaire entre les deux gouvernements. C’est pourquoi d’ailleurs les relations politiques soufflaient le chaud et le froid. Mais cela semble être aujourd’hui, une page tournée. En effet, l’engagement et le soutien du gouvernement mauritanien aux politiques sensibles pour les Etats-Unis a créé une solidarité entre les deux pays. La Mauritanie peut s’enorgueillir d’être le seul pays de la sous-région à bénéficier d’une coopération avec l’Otan.

Ce n’est donc pas un hasard aujourd’hui si les relations économiques connaissent aussi un regain d’intérêt grâce notamment à la place qu’occupe désormais Kosmos Energy dans la mise en valeur des richesses énergétiques du pays.

De ces intérêts mercantiles découlent aussi le raffermissement des relations stratégiques au plan bilatéral et multilatéral. Sur ce dernier plan, il faut espérer après le désengagement de l’Afrique assumé par l’ancien président D. TRUMP que les promesses qu’a fait naitre ce sommet depuis sa mise en place en 2014 par l’ancien président Barak Obama contribue par de nouvelles initiatives prioritaires pour accroître l’engagement des États-Unis dans la zone de libre-échange continental africain (AfCFTA), et pour stimuler la reprise économique en Afrique après les méfaits de la COVID-19, en renforçant la sécurité alimentaire, l’investissement dans des projets d’infrastructures, de santé et d’énergies renouvelables. Alors wait and see !

JD

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