L’étrange destin de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz /Ely Sid’Ahmed Krombelé

Dites-moi que cela pourrait arriver à chacun de nous. Certes…Mais ne me poussez pas à croire que souscrire à une “fatalité” peu enviable, en s’exposant à des poursuites judiciaires  préjudiciables,  serait une option comestible pour un esprit jouissant de la faculté de tous ses neurones corticaux. Car l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz avait d’autres choix plus impertinents, moins avilissants pour quelqu’un qui est à l’abri du besoin et pour avoir été surtout, 11 années durant au sommet de l’olympe.

Et voilà un ancien président mauritanien qui s’efforce de  vouloir absoudre ses concussions, et surtout ses malversations financières par un long processus comportemental masochiste, en misant sur une attrition dont il a lui seul le secret. L’opinion publique est partagée entre la sidération psychique et l’empathie presque coupable pour un protagoniste haut de gamme, qui s’offre en spectacle désobligeant, en monopolisant par moments la scène médiatique depuis son départ du pouvoir, en 2019. Tristes bacchanales que même Bacchus aurait repoussées d’un revers de main. Cette attitude désinvolte de la part de Ould Abdel Aziz crée un doute sans précédent chez certains citoyens mauritaniens qui le croient innocent et le voient en martyr. D’autres au contraire, en observateurs avertis le soupçonnent plutôt de vouloir  jouer un rôle sournois, dans un feuilleton ennuyeux et surtout funeste et dont la finalité sera sans doute, une descente accablante en enfer.

Car il y a de ces sales temps qui ne trompent pas, là où un homme du haut de son piédestal,  peut se voir subitement voué aux gémonies. Certes, l'”étrange destin” de Mohamed Ould Abdel Aziz ne sera certainement pas l’épitaphe de trop  quant aux bégaiements de l’Histoire. C’est par sa faute que tout est arrivé, et c’est par sa volonté que tout peut s’arranger.  Alors, par où faut-il débuter, de quel côté faut-il finir avec ce feuilleton qui embarrasse plus d’un, à commencer par le premier citoyen de Mauritanie, à savoir l’actuel président Mohamed Ould Cheikh Ghazwani, en passant par sa propre famille nucléaire, ses sympathisants, ses connaissances, comme moi, comme vous lecteurs, témoins, malgré nous d’une saga judiciaire dont on pouvait  bien se passer. ..? Parce que dans ce salmigondis politico-financier, quiconque connaît Ould Abdel Aziz ou ayant une neutralité, soit-elle positive à son égard vous dira “qu’il a creusé sa propre tombe avec ses propres dents”!!!  Et pourtant il n’y était pas obligé. Pour autant que Ould Abdel Aziz n’est pas n’importe qui; c’est l’homme par qui tout est arrivé. C’est lui qui a choisi son “alter ego”, en la personne de Ghazwani, a posteriori de manière malintentionnée; c’est lui qui est accusé de détournements de deniers publics, c’est lui qui veut revenir sur la scène politique, quitte à jouer le rôle de premier plan. Dans ce cas de figure, Ghazwani aura assez de perspectives fastidieuses à prendre à l’égard de son prédécesseur, disons-le sans ambages, Aziz a la tête dure et personne ne peut le faire changer d’avis, même quand il a tort. Alors jusqu’où ira ce procès désobligeant?  Quelles en seront ses conséquences proches ou lointaines, quand tout sera fini et que les historiens commenceront à fouiller dans les archives?

Wangrin avait eu également son destin

   Que de similitudes d’avec le personnage peint par l’illustre écrivain malien Amadou Hampâté Bâ, connu sous le titre de “L’étrange destin de Wangrin’’!!!. La seule différence est que Wangrin n’avait pas opté pour une telle arrogance à vouloir s’affliger un sort peu enviable, contrairement à Mohamed Ould Abdel Aziz qui avait la possibilité de finir ses jours sans tracasserie. L’on est en droit de se demander,  pourquoi cet homme qui a assouvi ses goûts, ses caprices, ses hobbies, qui a amassé des milliards sans coup férir, qui a cédé le pouvoir en 2019 à son homme de confiance et surtout de son plein gré, a-t-il voulu revenir sur la scène politique par des sentiers peu orthodoxes? Avons-nous été floués par Aziz quant à sa légitimité éthique à gouverner et à se comporter en citoyen présidentiable, a postériori? Pourquoi un individu qui a passé 11 ans au pouvoir, se comporte-t-il comme un bohémien devant ses enfants, certains encore mineurs, donc en âge de subir des séquelles  traumatisantes?  La notoriété, le luxe ou l’argent facile, valent-ils que qu’on passe une seule nuit en prison, quand on est réellement un homme normal?

  La prestance de Mohamed Ould Abdel Aziz, après 11 ans de présidence, rappelle, mais cette fois une autre prestation beaucoup plus subtile, avec cependant une ingéniosité “liturgique” de bon aloi. Voilà, il paraît que l’explorateur français René Caillié a dirigé la prière à Boutilimit des années, au seul but de gagner la confiance des habitants de cette honorable terre d’islam. La mission de l’explorateur étant de trouver les voies et moyens (du Seigneur) dans le but de préparer  une pénétration coloniale de manière pacifique. Si les gens de Boutilimit ont été floués par un patriote français dont le seul dessein était d’ériger la grandeur de son pays, il n’en est pas de même pour les mauritaniens qui ont été dirigés par un homme caractériel qui s’offre en spectacle à cause de l’argent, rien que ça !!!

Faut-il sauver le soldat Ould Abdel Aziz ?

    Il y a moins d’une semaine, j’ai rencontré un avocat mauritanien à Paris et qui se dit attristé à chaque fois qu’il entre au tribunal de Nouakchott et voit un ancien président dans le box des accusés. Et il se demande toujours si Ould Abdel Aziz n’avait-il pas la possibilité intellectuelle d’éviter à sa personne une telle situation malencontreuse ?

   Ne dit-on pas que le propre d’un homme intelligent, c’est d’abord d’éviter les problèmes ou encore de leur trouver des solutions idoines dès qu’ils apparaissent ou qu’ils commencent à devenir préjudiciables ? Ceux qui connaissent Mohamed Ould Abdel Aziz sont persuadés qu’il ira jusqu’au bout de sa logique absurde de confrontation.  Parce que la trame de ce feuilleton judiciaire consiste d’abord à confisquer les milliards indus. Or toute la libido objectale de Mohamed Ould Abdel Aziz n’est investie que sur l’argent. Si l’argent est un moyen pour les gens normaux, pour Aziz c’est plutôt une fin, car il est rare qu’il le dépense sur lui-même, à plus forte raison sur autrui. Vouloir être riche, plus riche que Ehel Noueighed, ou Mohamed Ould  Bouamatou, devenir le premier citoyen milliardaire, est-ce vraiment normal pour un chef de la magistrature suprême d’un pays dont les populations manquent encore d’eau, d’électricité, de santé de base, d’éducation, de routes, de ponts etc…?

  Et pour sauver le soldat Mohamed Abdel Aziz, il faudra récupérer les milliards détournés appartenant au pauvre peuple mauritanien. La prison n’est point la solution, car  c’est une option qui se retournera à long terme sur le pouvoir exécutif, particulièrement contre l’actuel président Mohamed Ould Ghazwani, ami de l’ancien président Aziz. Par contre l’endiguement de la boulimie pécuniaire est plus efficace que l’isolement, un sevrage  qui consistera à tester la frugalité du patient…. Personne ne doit vouloir du mal à notre ancien président, il faut juste agir pour son bien et celui de sa famille. Car il arrive des fois qu’un individu ne connaisse pas ce qui est bon pour lui, soit par inadvertance, soit par orgueil ou impériosité. Dans ce cas il est indispensable qu’on agisse pour lui par procuration, car un homme sain, autrement jouissant d’une bonne santé d’esprit n’acceptera jamais de se voir l’abonné  d’un box d’accusés pour une “fortune” qui ne lui avait pas été léguée par ses parents, donc mal acquise. Sauvons le soldat Mohamed Ould Abdel Aziz. /.

lecalame

chezvlane

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