Mauritanie: des électeurs très mobilisés pour un triple scrutin décisif
Des élections se tiennent ce 13 mai en Mauritanie. Près 1,8 million d’électeurs sont appelés à choisir leurs députés, leurs maires et leurs conseillers régionaux. Ce triple scrutin est important pour le président Mohamed Ould el-Ghazouani et son parti El Insaf et semble aussi mobiliser les électeurs, malgré quelques couacs notables.
À l’approche de la clôture du vote, à 19h, heure locale, les électeurs de la circonscription de Tevragh-Zeïna, où se situe le stade, sont visiblement sortis en masse pour voter, car les files d’attente devant la douzaine de bureaux de vote qu’abritele stade olympique sont nettement plus longues par rapport au reste de la journée. Beaucoup d’électeurs y sont inscrits et ils sont nombreux à avoir fait le déplacement pour accomplir leur devoir civique.
Le stade se situe dans le plus important moughataa (département) de Nouakchott, mais également la plus cossue. On distingue énormément d’électrices, les femmes participant de plus en plus à la vie politique du pays. Il y a également beaucoup de jeunes car la grande nouveauté de ce scrutin, c’est l’instauration d’une liste nationale spécialement dédiée aux candidats à la députation, âgés de moins de 35 ans.
Pour ce qui est de la participation, la Commission électorale nationale indépendante annonçait à 16h un taux d’un peu plus de 31%. Rappelons que lors des dernières élections législatives et locales en 2018, cette participation avait atteint 73% au total.
Des bureaux électoraux ouverts avec du retard
À El Mina, commune populaire de la capitale, il y a aussi beaucoup d’intérêt pour ce triple scrutin, malgré des couacs notables. Quelques bureaux de vote ont ouvert avec plus d’une heure, voire deux heures de retard. Il y a des cartes d’électeurs manquantes. Rappelons que, pour ces élections, c’est au moment du vote que l’on retire sa carte d’électeur. Le déroulement du vote est très lent, avec parfois vingt minutes entre deux votants.
Mais il y a déjà des irrégularités dans le processus. Aux portes du Stade olympique par exemple, profitant de la complexité du scrutin (il faut glisser six bulletins dans l’urne) et du manque d’instruction de nombreux électeurs, plusieurs personnes, visiblement missionnées par des partis politiques, abordent les votants pour les « sensibiliser » sur le mode de scrutin. En réalité, ils indiquent quelle case cocher sur le bulletin, ce qui revient à désigner la formation politique pour laquelle il faudrait voter.
Des électeurs mobilisés
Beaucoup de jeunes et surtout beaucoup de femmes figurent parmi les votants : « Les femmes mauritaniennes expriment de plus en plus leur voix et représentent aussi le «parti» des femmes [Depuis 2013, une liste nationale est réservée aux femmes candidates aux législatives, NDLR], ce que je trouve très intéressant pour un pays africain et musulman » ; « On a vu que la jeunesse d’aujourd’hui représente 75% de la population. Ces jeunes sont dynamiques, ils travaillent comme il faut, ils connaissent mieux le domaine politique par rapport à nous qui sommes des mères de famille. Nous sommes allées à l’école, on a fait des études mais le fait d’avoir des enfants nous a empêché d’accomplir beaucoup de choses. »
En périphérie de Nouakchott, la commune populaire d’El Mina accueille également de nombreux électeurs, comme ce jeune votant qui est venu donner sa voix afin que la jeunesse pèse politiquement dans le pays à l’avenir : « La plupart des politiciens font semblant de nous aider. Ils font des dons seulement deux ou trois ans avant la campagne, alors qu’en fait ils veulent seulement s’enrichir. On veut du changement dans le pays et aussi ici à El Mina, l’un des quartiers les plus vieux de Nouakchott. » Mais dans cette commune, certains bureaux ont ouvert avec plus d’une heure de retard: « Depuis lors, ça traîne. Je ne vois pas les gens sortir, je ne vois pas les gens voter. D’habitude, il y avait trois bureaux de vote dans cette école. Cette année, ils n’ont gardé qu’un seul bureau. »
Le parti présidentiel El Insaf part favori dans ces élections, car c’est le seul à avoir présenté des candidats sur l’ensemble du territoire. Ces challengers,Tawassoul et le parti Sawab, qui a été rejoint par le militant anti-esclavage BiramDahAbeid, espèrent se tailler une plus grosse part sur l’échiquier politique.
Les résultats sont attendus dans les prochains jours. Ils pourraient tomber dans les 48h. Un second tour est prévu le 27 mai pour la moitié des 176 sièges de l’Assemblée