Editorial : A quand l’instauration d’un Etat de droit en Mauritanie ?

Un ministre de la République qui incite des fonctionnaires sous sa tutelle à violer la législation sur le travail, incroyable mais pourtant vrai. On se croirait dans une jungle.

Dans une lettre signée par les tous les inspecteurs du travail du pays et adressée au ministre de la fonction publique, ce dernier est accusé de leur avoir donné des instructions contraires à la loi, aux exigences du serment et incitant à la trahison de la confiance placée en eux.

Ce énième épisode de la violation du droit n’est malheureusement pas anodin même s’il s’intègre parfaitement dans une longue liste de violations répétées des règles de l’Etat de droit.

Le licenciement collectif et injustifié de milliers de dockers du port de Nouakchott est encore dans toutes les mémoires.

Ces derniers jours une audio a fait le tour des réseaux sociaux attribuée à un magistrat et fait état d’un véritable déballage des pratiques peu orthodoxes au sein du secteur de la justice et met en garde contre les dangers des décisions du haut Conseil de la magistrature marquées par des promotions jugées fantaisistes.

Par ailleurs suite au rapport de la Cour des Comptes les fonctionnaires impliqués dans les malversations financières et les détournements des deniers publics n’ont pas été inquiétées.

Et la valse des nominations à caractère exclusivement politique fait fi du passé souvent scabreux de certains cadres du camp au pouvoir.

Il y a quelques jours des milliers de citoyens paisibles vivant dans les zones de Lemghaity et El Wataniya dans la wilaya de Nouakchott-Nord, ont été déguerpis et les plus chanceux d’entre eux se sont retrouvées dans ce nouveau no man’s land pompeusement dénommé « Nouvelle vie » dans le secteur 22 au niveau de la moughataa de Toujounine.

Ces déplacements massifs de populations vers l’extrême périphérie alimente la spéculation foncière et profite à certains grands manitous du système qui font de grosses affaires.

Déjà avant même la distribution des lots dans ledit secteur les vendeurs de terrain détenaient déjà des blocs entiers qu’ils proposaient aux acheteurs.

Ces déplacements anarchiques des populations vers des zones inhospitalières a montré ses limites et la dernière opération visant les fameux gardiens de Tevrak Zeina s’était soldée par un fiasco car les personnes visées sont pratiquement pour la plupart revenues à la case départ ou remplacées par d’autres.

Cette politique du ministère de l’habitat basée sur l’improvisation et l’injustice dans la distribution des lots attise les frustrations et constitue un danger pour la paix sociale.

C’est aussi un terreau favorable pour l’exploitation politicienne et certains politiciens malintentionnées et en mal de popularité en profitent pour semer la zizanie.

D’authentiques citoyens sont privés de leurs pièces d’état-civil sous des prétextes fallacieux.

Le témoignage du maire adjoint de la localité de Tenaha, dans la moughataa de Kankossa est édifiant à cet égard.

Quand est-ce-que traitera-t-on les citoyens mauritaniens sur le même pied d’égalité ?

Face à tous ces dangers, l’Etat brille par son absence et on a l’impression que ce sont les acteurs malveillants d’un autre état dans l’Etat qui sont à la manœuvre.

Où sont passées les belles conclusions des Etats Généraux de la justice organisés l’année dernière ?

Pourquoi foule-t-on aux pieds toute cette batterie de lois nationales et autres conventions internationales que notre pays a ratifiées ?

A la veille de l’exploitation du gaz et face aux belles perspectives offertes par l’hydrogène vert, comment la Mauritanie pourrait-elle profiter pleinement de ses ressources et attirer les investisseurs si même les ministres se permettent de fouler aux pieds les règles du droit ?
Source:Initiatives News

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