Préparation (anticipée) des prochaines élections : volonté de surmonter les obstacles ou défiance ?

Eveil Hebdo – Le Gouvernement s’active dans la préparation des prochaines consultations électorales(municipales, régionales et législatives de 2023). C’est dans cette optique que le Premier ministre, M. Mohamed Bilal, a présidé jeudi dernier, à la primature, une réunion d’un comité ministériel chargé de préparer des prochaines élections.

La réunion a été consacrée à l’examen des moyens matériels et des modalités d’organisation nécessaires au déroulement des prochaines élections dans les meilleures conditions et dans les délais légaux prévus à cet effet.

Ce conclave intervient quelques mois après la suspension unilatérale par le gouvernement de la concertation nationale qui devait être initiée avec les forces politiques. L’appel insistant de certaines formations politiques à la levée de cette suspension n’a pas trouvé d’oreille attentive auprès des autorités.

Toutefois, le premier ministre a réitéré, sans doute en gage de bonne volonté trop tardivement l’attachement du Président de la République, M. Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, “à la dynamique de consolidation du processus démocratique dans un cadre de concertation qui vise à renforcer les institutions démocratiques”.

Simple manœuvre politique ou réelle volonté de surmonter les obstacles ?

Au sortir de cette réunion, il a été décidé de former deux comités techniques pour étudier tous les aspects liés à l’organisation des élections. La première porte sur les textes légaux et réglementaires, et la seconde sur les moyens matériels et logistiques, à charge pour les deux comités de soumettre leurs propositions d’ici fin juillet 2022.

Il est fort attendu la réaction de l’opposition face à ce que certains qualifiés de “défiance”.

« Coup de poignard dans le dos »

Froissés par la suspension unilatérale du processus de concertation nationale, les formations de l’opposition qui participent à la concertation nationale, avaient en juin dernier qualifié cette décision des autorités de suspendre le processus de « coup de poignard dans le dos », ajoutant qu’elles n’ont pas été associées à cette décision, alors qu’elles sont membres de celle-ci.

Dans un communiqué signé de l’union des forces de progrès (UFP), la coalition pour une vie commune, Tawassoul, alliance pour la justice et la démocratie mouvement du renouveau, rassemblement des forces démocratiques (RFD), ces formations considèrent qu’elles ont été « trahies » après la suspension forcée des préparatifs de la concertation nationale à la veille de l’ouverture de ses ateliers, qui a hypothéqué deux ans d’efforts inlassables et de bonnes intentions de part et d’autre.

» Elles observent que le coup est porté à la commission préparatoire du dialogue et qu’il s’agit d’un mépris total pour ses membres les partis d’opposition, qui n’ont jamais été associé à la prise de cette décision, et n’en avaient pas pris connaissance préalable avant qu’elle ne soit publiée dans les médias ».

Ces formations n’avaient pas manqué de rejeter les arguments évoqués par le ministre, secrétaire général de la présidence de la république, Yahya Ould Ahmed Al-Waqef, considérant qu’ils sont sans fondement ».

La coalition a souligné qu’elles « tiennent les autorités pleinement responsables de l’échec du dialogue et des conséquences qui peuvent en résulter », notant qu’elle condamne la décision, « et en examinera toutes ses répercussions, afin d’agir en conséquence, conformément à l’intérêt national. »

Dans son communiqué, l’opposition a déclaré que la Mauritanie a plus que jamais besoin de renforcer sa cohésion nationale et sa stabilité face aux diverses menaces nées des multiples problèmes liés à son unité, sa gouvernance et son développement, dans un contexte marqué par des défis majeurs aux niveaux national, régional et mondial.

Elle considère que l’organisation d’un dialogue national inclusif, destiné à parvenir à un large consensus à propos des questions nationales fondamentales, est de nature à protéger le pays contre ces dangers.

Reprendre langue

L’opposition réaffirme qu’elle a œuvré sans relâche pour que réussisse ce dialogue auquel elle a participé de manière ouverte et responsable et qui a contribué au consensus obtenu par le comité sur la forme, les thèmes, le calendrier et l’organisation de cette réunion, et les parties participantes ».

Le président du RFD, Ahmed Ould Daddah avait déclaré dans une interview : “Quel que soit le motif de la suspension, le Gouvernement est tenu, in fine, de reprendre langue avec l’ensemble de la classe politique pour la relance du dialogue national. Il y va de l’intérêt suprême de notre pays”.

De l’avis de Ould Daddah, ‘’la classe politique a, dans son ensemble, toujours tendu la main au dialogue. Il s’agit d’une option stratégique visant à apaiser la scène politique et dégager un consensus national autour des questions nationales fondamentales, qu’il s’agisse, entre autres, de l’unité nationale, de la démocratie ou de la gouvernance…

Notre parti est en rapport avec tous les protagonistes qui veulent bien discuter avec nous des voies et moyens visant à remettre le processus salutaire du dialogue sur les rails.

Au vu de la situation, parfois malheureusement désastreuse, qui prévaut dans notre environnement géopolitique immédiat, je suis persuadé que l’ensemble de la classe politique est convaincue de l’impérieuse nécessité de bâtir un front national solide, unique rempart contre tous les dangers qui nous guettent. Il s’agira de s’accorder sur des réponses justes et durables à nos problèmes, notamment ceux liés à l’unité nationale et la cohésion sociale”, a-t-il fait remarquer.

Du côté de la majorité, l’UPR semble paralysée par les guéguerres en son sein. D’où le report des missions à l’intérieur du pays. Et la convocation d’une session extraordinaire de l’UPR dans un contexte d’impasse d’autant que la situation politique reste tendue depuis un mois.

Saydou Nourou T.

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