Quelle Mauritanie pour les générations futures ? / Par Youssouf Kébé, Economiste

Notre pays est un vaste territoire, une faible population et des ressources naturelles abondantes. Toutefois, beaucoup de défis restent entièrement posés quant à l’avenir.

Le produit intérieur brut en dollar courant est passé de près de 160 millions à plus de 8 milliards de l’indépendance à nos jours, d’après les données de la Banque Mondiale. Une évolution remarquable dans l’absolue mais très timide, comparativement à d’autres pays notamment asiatiques.

Pour cause, pendant que ces derniers ont développé des industries manufacturières créatrices de valeur ajoutée, nous sommes restés tributaires des exportations de nos matières premières.

L’accroissement de notre production nationale ne tire sa source que dans l’exploitation toujours plus effrénée de notre sous-sol et non de la création de valeur. Nos revenus et notre train de vie dépendent essentiellement de ce que le bon dieu a bien voulu nous mettre sous les pieds. A défaut d’inventer de nouvelles technologies révolutionnaires à destination du marché mondial, prenons soin d’apporter une gestion efficiente à nos ressources limitées.

La problématique de la gestion efficiente de nos ressources naturelles ainsi que leur fin programmée devrait donc occuper une place primordiale dans le débat politique national. Nous ne pouvons pas nous payer le luxe d’éluder une telle question de laquelle dépend la vie de nos petits-enfants.

Des pays immensément plus riches comme le Qatar ont déjà mené cette réflexion et entrepris des actions d’investissements d’envergure en vue de diversifier leur économie et anticiper la fin des ressources naturelles.

Le Maroc développe des sites touristiques et investit massivement dans les infrastructures pour accueillir toujours davantage de touristes et d’investisseurs. La Tunisie est connue pour ses ressources humaines de qualité et sa spécialisation dans le tourisme médical.

Les pays du Golf investissent à tour de bras dans l’immobilier haut de gamme et dépensent sans compter pour attirer les meilleures écoles et les musées. Même le Sénégal, avec son Plan Sénégal émergent, cherche à diversifier ses moteurs de croissance et renforcer sa résilience économique.

Clairement, nous n’avons pas les richesses du Qatar ou des Emirats arabes unis pour faire de Nouakchott Dubaï ou investir dans les plus grands joyaux sportifs ou du luxe. Toutefois, comme le Maroc, la Tunisie ou le Sénégal, nous pouvons faire le choix d’un pari ambitieux _sur une formation de qualité de nos populations avec des structures modernes et élitistes _sur une industrialisation du secteur agro-pastoral pourvoyeuse d’emplois et garante de l’autosuffisance alimentaire _sur la valorisation de nos sites historiques, culturels et naturels par des investissements massifs.

Ces propositions ne sont que des ballons d’essai qui doivent amener à une réflexion plus approfondie en vue de nous trouver un chemin pour l’avenir et exister en toute souveraineté dans le concert des nations de demain. Cette contribution se veut donc exclusivement énonciatrice d’une problématique afin de susciter le débat et le questionnement quant à l’héritage que nous voulons laisser aux générations futures.

Une concertation inclusive doit être menée avec toutes les forces vives du pays en vue de dégager une stratégie claire autour de quelques grands axes à gros avantages concurrentiels, sélectionnés selon « la théorie des avantages comparatifs » de David Ricardo.

Nous nous devons d’être à la hauteur de cette ambition pour relever à moyen et long terme le défi existentiel de la Mauritanie future.

Youssouf Kébé, Economiste

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