Hommage à Ahmed Ould Tettah : L’universaliste et la « boite noire »
« Les morts ne sont pas morts. Ceux qui sont morts ne sont jamais partis. »
Birago Diop
En réalité, le défunt cultivait quotidiennement le sens de l’écoute, par une quête passionnée, consistant à privilégier l’exercice délicat de la compréhension et surtout la considération des arguments contradictoires, pour concilier les positions. De sa formation dans l’ex-URSS, il a lu et retenu le sens de la dialectique, ses atouts, mais aussi ses faiblesses, au moment où la bataille des idées, valait mieux que la bataille des sous, et la lutte des classes, préoccupait plus que la lutte des places.
Ahmed est sans conteste, une figure de proue d’une génération distinguée de Mauritaniens. Ceux qui croient en eux, soucieux de l’unité du pays, s’investissent dans sa réconciliation avec lui-même, revendiquent son identité multiple, s’imprègnent de ses musiques enchâssées et travaillent pour de son avenir. La trajectoire singulière du défunt, renseigne sur son abnégation à consolider le relationnel, promouvoir la rencontre avec l’autre sans lequel on ne peut exister, dans les situations cocasses et absurdes au sein du HCR, pour venir au secours des réfugiés maliens dans les camps de Mbéra et de Fassala Néré, au Hodh Charghy.
De la même façon qu’il répondait aux sollicitations humanitaires des migrants dans les dédales de Nouakchott et Nouadhibou. Lorsque je l’ai rencontré pour la première fois à Dakar, en fin dialecticien, il m’a parlé de la révolution Bolchevick, du PPM, de la guerre du Sahara, du père de la Nation, de l’histoire de Patrice Lumumba, de Kwame Nkrumah, de Gemal Abdel Nasser, du conflit Palestinien, de Mandela etc…
Adieu Ahmed Tettah
Dakar, le 16 mai 2023
Moulaye Ismail Keita